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Titre La normativité démocratique, entre vérité et procédures : Pour une critique de la justification « épistémique » du principe de majorité de David Estlund
Auteur Carlo Invernizzi Accetti
Mir@bel Revue Raisons Politiques
Numéro no 55, novembre 2014 Varia
Rubrique / Thématique
Varia
Page 85-102
Résumé Résumé Cet article aborde la question du fondement philosophique de la normativité démocratique en la reliant à un débat qui a récemment suscité beaucoup d'intérêt à l'intérieur de la théorie politique : celui autour de la possibilité d'une justification « purement procédurale » du principe de majorité. Dans un livre de plus en plus influent, David Estlund a récemment soutenu qu'une telle justification est en fait impossible, et que la théorie de la démocratie doit donc nécessairement faire appel à un critère de légitimité « épistémique », c'est à dire à un principe de vérité normative indépendant des procédures par lesquelles les décisions politiques sont effectivement prises. À travers une analyse des travaux de Hans Kelsen sur le principe de majorité, nous montrons, dans un premier temps, qu'une justification purement procédurale du principe de majorité est en réalité possible, sans aller à l'encontre des objections soulevées par Estlund contre une telle entreprise. Dans un deuxième temps nous montrons ensuite qu'introduire un critère substantif de vérité normative dans le cadre de la théorie de la démocratie pose en réalité plus de problèmes qu'il ne résout, car c'est en contradiction avec les trois principes fondamentaux sur lesquels s'appuie la légitimité démocratique : une idée de liberté comme consentement, une idée d'égalité comme absence de discrimination entre les opinions individuelles et une idée de pluralisme comme reconnaissance de la légitimité propre au conflit politique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Democratic normativity, between proceduralism and truth. Towards a critique of David Estlund's “epistemic” justification of majority rule. This article addresses the question of the philosophical foundation for democratic normativity by tying it to a debate that has recently been attracting a lot of attention within the field of political theory: the debate concerning the possibility of a purely procedural justification of majority rule. In an increasingly influential book, David Estlund has recently argued that such a justification is in fact impossible, and therefore that democratic theory needs to rely on an “epistemic” criterion of legitimacy, by which he means a standard of normative truth that is independent from the procedures through which political decisions are actually taken. Through an analysis of the thought of Hans Kelsen on this topic I attempt to show, in a first part, that a purely procedural justification of majority rule is in reality possible, without running into the objections raised by Estlund against such a project. In the second part, I then seek to show that introducing a substantive criterion of normative truth within the framework of democratic theory ultimately raises more problems than it solves, because such a criterion proves to be in tension with three core democratic principles: an idea of freedom as consent, a notion of equality as the impossibility of discriminating between subjective viewpoints, and a notion of pluralism understood as referring to the inherent legitimacy of political conflict.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_055_0085