Titre | Chine : la règle de droit aux marges d'un empire bureaucratique et absolutiste (1978-2014) | |
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Auteur | Stéphanie Balme | |
Revue | Revue française d'administration publique | |
Numéro | no 150, 2014/2 Administration et action publique en Chine contemporaine | |
Rubrique / Thématique | Mutations de l'état et réformes structurelles |
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Page | 393-413 | |
Résumé |
En Chine, la dynamique des plans successifs de réformes juridiques lancés depuis la fin des années 1970 cache difficilement une réalité quotidienne faite d'attaques frontales contre le constitutionalisme et l'État de droit. Sur le terrain, on ne peut que constater les écarts qui existent entre les déclarations d'intention, le contenu du droit positif et les pratiques. Dans ce contexte, quel bilan peut-on dresser de plusieurs décennies de réformes juridiques engagées par le Parti communiste chinois (PCC) au nom de l'État de droit » (yifa zhiguo)? À partir de la constitution d'une base de données comprenant l'ensemble des lois et règlements administratifs promulgués au niveau national entre 1978 et mars 2014, cet article présente une synthèse des principales étapes de la révolution juridique de l'ère post Mao ainsi que l'évolution des principaux acteurs institutionnels de la fabrique du droit. Tout en reconnaissant les progrès considérables effectués durant la période étudiée, ce travail montre le labyrinthe normatif désordonné que constitue toujours le droit chinois. Cette situation nous semble la cause plus que la conséquence de l'empêchement de la branche législative du pouvoir à se constituer en pouvoir autonome. Au cours des années 2000, la montée d'un appareil sécuritaire s'est adossée au système règlementaire, arbitraire, existant. Nous concluons que la dissonance observée entre un droit positif relativement éclairé et les pratiques d'un État policier ne relève pas d'une contradiction dialectique mais de l'incapacité - ou du refus - du PCC à créer les mécanismes juridiques techniques d'élaboration d'un État de droit. Par conséquent, une telle situation interdit, pour l'heure, d'en fonder les principes éthiques, philosophiques et politiques. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
— The rule of law in China: on the margins of a bureaucratic and absolutist empire (1978-2014) — The paper tries to address difficult yet key questions for China's future legal development: Can we assess the last 35 years of legal reform, which has officially aimed to establish the rule of law (yifazhiguo)? Put differently: Can the legal reforms undertaken by the Communist Party of China (CPC) since 1978 build a coherent and reliable legal system? If not, then how can the gap between the official discourse in favour of the rule of law and daily practices on the ground be explained? To answer these questions, we have built a database of all laws and administrative regulations (of all kinds) promulgated by the State Council, the National People's Congress (NPC) and its Standing Committee between December 1978 and February 2014. This database offers a comprehensive view of the various phases of China's legal reforms divided by areas of law. It also shows the remaining existence of a vast normative disorder despite the 2000 Law on Legislation. China is still ruled by a myriad of administrative regulations whose legal statuses are vague and/or arbitrary. The lack of normative authority of national laws in the general legal framework contributes to the lack of authority of the NPC, which still cannot constitute a true legislative authority. Under the direct guidance of the existing executive powers at the State and Party levels, the Standing Committee of the NPC remains the key legislature. Finally, our quantitative results show that new actors have been involved in the law-making process since the early 2000s. These actors target new areas of laws and regulations, in particular those related to public safety, public security and freedom of expression. This new trend largely explains the substitution of an official discourse on Rule of Law with that of a so-called “harmonious society”. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RFAP_150_0393 |