Titre | Entreprise publique et entreprise privée : quel rapport et quel modèle pour la France de demain ? | |
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Auteur | Jean-Pierre Anastassopoulos | |
Revue | Politiques et management public | |
Numéro | vol. 5, no 2, juin 1987 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 1-20 | |
Résumé |
1) Première observation (théorique) : entreprise publique et entreprise privée correspondent à deux logiques différentes :
- la loi du marché (tmain invisible») gouverne l'entreprise privée, alors que celle de l'Etat fi main visible») gouverne l'entreprise publique. D'un point de vue économique, le secteur public se définit par opposition au secteur privé, pour pallier les imperfections du marché (services publics, industries i stratégiques», etc.. ) ;
- par conséquent, leurs méthodes de management ne peuvent pas être les mêmes : optimisation du flux financier généré à long terme pour l'entreprise privée, contribution aux grands objectifs nationaux pour l'entreprise publique. Stratégie concurrentielle (maîtrise du portefeuille d'activités) pour la première, stratégie « relationnelle» (négociations avec l'appareil politico-administratif) pour la seconde.
2) Deuxième observation (pragmatique) : sous la pression de l'environnement entreprises publiques et privées convergent vers un comportement unique
- Le même souci de légitimité conduit les premières à rechercher l'efficacité économique dans l'utilisation des deniers publics, et les secondes à prendre en compte leur responsabilité sociale, voire sociétale, dans l'élaboration de leur stratégie.
- L'internationalisation toujours croissante de l'activité économique expose entreprises publiques et privées aux mêmes types de contraintes face à la concurrence mondiale.
3) Troisième observation (nostalgique) : l'Etat-entrepreneur à vécu
- L'entreprise publique ne semble pas être un bon instrument de mise en œuvre de politiques nationales trop étrangères à la nature de ses activités : redistribution des revenus ou de l'épargne, protection de l'emploi, etc.. Son utilisation à ces fins est inefficace et surtout très coûteuse pour le budget de l'Etat ; elle induit en outre une déresponsabilisation des dirigeants et du personnel, qui aggrave ces inconvénients.
- C'est tout le système de relations Etat-Entreprise publique qui fonctionne mal : trois acteurs (entreprise, administration, gouvernement) interagissent en fonction de logiques tout à fait différentes (économique, administrative et politique) qui se neutralisent l'une l'autre. Alors que l'Etat devrait donner les grandes orientations stratégiques, laisser l'entreprise les appliquer de façon autonome, et contrôler la conformité des résultats, c'est exactement l'inverse qui se produit.
4) Quatrième observation (polémique) : l'Etat libéral est mort-né
- La haute fonction publique et les cabinets ministériels sont marqués en France par une identité technocratique que perpétuent certaines filières de formation. Filtré par nos "grands corps", le libéralisme est vite oublié lorsqu'il s'agit de prendre des décisions opérationnelles.
- Mais par dessus tout, la nature de la concurrence mondiale proscrit absolument le "laissez faire", sauf à déclarer forfait en tant que nation, et observer les multinationales nipo-américaines se partager le monde, en espérant que quelques françaises auront un strapontin dans le club des grandes.
5) Conclusion (thérapeutique) : entreprises publiques ou privées ont toutes besoin de iL'Etat-partenaire»
- La grande affaire de la fin de ce siècle sera probablement le développement et la consolidation par nos entreprises d'un réseau d'alliances leur permettant de survivre face à la domination des plus forts. Le mouvement est bien engagé aujourd'hui et remarquablement différencié : accords de recherche et développement, de production, de commercialisation, qui tous ont pour objet de mieux valoriser des ressources complémentaires mises en commun.
- Ce réseau est par définition international. Non seulement il ne peut laisser les Etats indifférents, mais il implique leur participation active, disons le mot, leur complicité. Réglementer quand c'est nécessaire, déréglementer quand les entreprises sont prêtes, nationaliser si c'est utile, privatiser quand on a restauré la compétitivité, ces politiques ne sont pas contradictoires : elles font partie de l'arsenal qui doit permettre à l'Etat de jouer pleinement son rôle de partenaire auprès d'entreprises qui doivent compter sur lui. 3) Troisième observation (nostalgique) : l'Etat-entrepreneur à vécu
- L'entreprise publique ne semble pas être un bon instrument de mise en œuvre de politiques nationales trop étrangères à la nature de ses activités : redistribution des revenus ou de l'épargne, protection de l'emploi, etc.. Son utilisation à ces fins est inefficace et surtout très coûteuse pour le budget de l'Etat ; elle induit en outre une déresponsabilisation des dirigeants et du personnel, qui aggrave ces inconvénients.
- C'est tout le système de relations Etat-Entreprise publique qui fonctionne mal : trois acteurs (entreprise, administration, gouvernement) interagissent en fonction de logiques tout à fait différentes (économique, administrative et politique) qui se neutralisent l'une l'autre. Alors que l'Etat devrait donner les grandes orientations stratégiques, laisser l'entreprise les appliquer de façon autonome, et contrôler la conformité des résultats, c'est exactement l'inverse qui se produit.
4) Quatrième observation (polémique) : l'Etat libéral est mort-né
- La haute fonction publique et les cabinets ministériels sont marqués en France par une identité technocratique que perpétuent certaines filières de formation. Filtré par nos "grands corps", le libéralisme est vite oublié lorsqu'il s'agit de prendre des décisions opérationnelles.
- Mais par dessus tout, la nature de la concurrence mondiale proscrit absolument le "laissez faire", sauf à déclarer forfait en tant que nation, et observer les multinationales nipo-américaines se partager le monde, en espérant que quelques françaises auront un strapontin dans le club des grandes.
5) Conclusion (thérapeutique) : entreprises publiques ou privées ont toutes besoin de iL'Etat-partenaire»
- La grande affaire de la fin de ce siècle sera probablement le développement et la consolidation par nos entreprises d'un réseau d'alliances leur permettant de survivre face à la domination des plus forts. Le mouvement est bien engagé aujourd'hui et remarquablement différencié : accords de recherche et développement, de production, de commercialisation, qui tous ont pour objet de mieux valoriser des ressources complémentaires mises en commun.
- Ce réseau est par définition international. Non seulement il ne peut laisser les Etats indifférents, mais il implique leur participation active, disons le mot, leur complicité. Réglementer quand c'est nécessaire, déréglementer quand les entreprises sont prêtes, nationaliser si c'est utile, privatiser quand on a restauré la compétitivité, ces politiques ne sont pas contradictoires : elles font partie de l'arsenal qui doit permettre à l'Etat de jouer pleinement son rôle de partenaire auprès d'entreprises qui doivent compter sur lui. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
In almost every developped country, State-owned companies are being privatized. They are said to be inefficient and to waste a lot of tax money. Do they really belong to the past ? Can it be demonstrated that private enterprise is always a better solution ? What should be the role of the State in the economy then?
1 .It is true that public and private enterprises are ruled by two very different logics. While the later is determined by the market, the former is an instrument of implementation of public policies. This is particularly true when setting the public enterprise's general objectives and strategy, but the national interest also interferes with technological choices, with financing company's development and with the management of human ressources.
2. But public and private enterprises seem to behave in converging fashions. To be legitimate in the eyes of the citizens, public enterprises have to show that they are well managed, according to economic criteria, while private enterprises must demonstrate that they take the general interest into consideration and integrate it into their strategy. Furthermore, the growing internationalization of both private and public enterprises places them in very similar situations on world markets.
3. This is why the State is a poor entrepreneur ; it imposes upon public enterprises many constraints, without compensating their cost equitably. Most often it fails to give the enterprise clear objectives but intervenes in the day to day management, which is exactly the opposite of what should be done.
4. Finally, the State cannot be perfectly liberal either. The french system of formation of the elite results in the appointment to key positions, both in the public and in the private sector, of individuals who all look alike and can be characterized as technocrats : liberalism to them is just a word. Besides, why should the French State act differently from the others ? The U.S.A., Japan and most european countries try to help and protect their industry as much as they can.
As a conclusion, it should be stressed that the State is a partner more than anything else to business. Nationalizations, privatizations, regulation, de-regulation, all can be of use depending on the circumstances. As a conclusion, it should be stressed that the State is a partner more than anything else to business. Nationalizations, privatizations, regulation, de-regulation, all can be of use depending on the circumstances. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1987_num_5_2_1943 |