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Titre La Justice est-elle « délocalisable » dans les médias ?
Auteur Antoine Garapon
Mir@bel Revue Droit et société
Numéro no 26, janvier 1994 Justice et médias.
Rubrique / Thématique
Dossier : Justice et médias
Page 73-89
Résumé Ce qu'illustre de manière exemplaire les rapports entre la Justice et les médias aujourd'hui, c'est l'illusion contemporaine d'une démocratie directe : on passe subrepticement de la dénonciation d'un dysfonctionnement à une disqualification des institutions et, enfin, à une substitution ponctuelle au travail de l'institution mais suffisante pour montrer que les médias peuvent mieux faire, qu'ils sont devenus le véritable lieu de la vérité démocratique parce que le plus apte à représenter les attentes sociales et à faire communiquer les citoyens entre eux. Désormais, la justice est recherchée sur la place publique, hors la médiation de la règle et d'un espace propre pour la discussion, c'est-à-dire sans le secours d'un cadre, sensible et intellectuel, qui la réalise. Bref, à travers les médias, nous vivons le fantasme d'une démocratie « délocalisée » dans le vrai sens du terme. Mais ce qui s'annonce va-t-il perfectionner nos institutions ou ne risque-t-il pas, au contraire, de nous faire régresser à l'état de nature ?
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Is Justice « delocalizable » to the Sphere of Media? The relationships between justice and media are today clearly illustrated by what may be considered as the contemporary illusion of a direct democracy. A surreptitious move is made from the condemnation of the dysfunctionning of institutions, to their disqualification, and finally to the substitution of their work by the media. However limited in its degree, this substitution is sufficient to illustrate how media are able to « do better », how they have become the arena for true democracy because they are the most able to represent social expectations and facilitate communication between citizens. Henceforth, justice is sought in the public arena, beyond the mediating influence of rules, and outside the circumscribed space reserved for discussion, that is, without reference to an intelligible, intellectual framework for its development. In short, we are witnessing through the media, the fantasy of a « delocalized » democracy, in the true meaning of the term. The question may nonetheless be raised as to whether what is foreseen will improve our institutions, or whether, on the contrary, we are not taking the risk of regressing to a natural state?
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dreso_0769-3362_1994_num_26_1_1257