Titre | La recomposition des savoirs au Maghreb à l'époque de la coopération | |
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Auteur | Jean-Robert Henry | |
Revue | L'année du Maghreb | |
Numéro | Vol. V, 2009 Dossier : S'opposer au Maghreb | |
Rubrique / Thématique | État des travaux |
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Page | 573-587 | |
Résumé |
Le temps de la coopération n'a pas été seulement une expérience individuelle et collective stimulante pour beaucoup de ceux – Français et Maghrébins – qui l'ont vécue entre le milieu des années 1950 et la fin des années 1970. Il a été aussi une occasion importante, au Nord comme au Sud, de bousculer les certitudes intellectuelles et de reformuler les visions scientifiques du monde. Dans le champ des sciences sociales, ce fut une époque de déconstruction et reconstruction des savoirs coloniaux, d'invention des rapports nord-sud, de reconfiguration de la notion d'aire culturelle et d'intense pluridisciplinarité. Toutefois, la volonté de renouvellement des approches n'évitait pas toujours la caricature et le dogmatisme : l'universalisme théorique qu'on entendait substituer aux discours différentialistes du temps colonial passait beaucoup par la systématisation d'une vulgate marxiste plus ou moins modernisée en économie, sociologie, linguistique, droit, anthropologie. Et, plus largement, la mission de servir le développement promu au rang de nouveau temps du monde faisait étrangement écho à la mission civilisatrice d'autrefois. Pourtant, malgré ses limites et ses dérives, la « coopération » a peut-être mieux négocié le tournant de la décolonisation que la politique européenne n'est parvenue, un demi-siècle plus tard, à gérer son rapport au sud dans un contexte dominé par l'essentialisation des cultures. C'est pourquoi, sans céder à la nostalgie, il est utile de revenir sur l'expérience et le bilan du temps de la coopération en matière de sciences sociales pour tenter d'en tirer des enseignements actuels. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The period of cooperation was not only stimulating individually and collectively for the many French and North Africans who lived between the mid-fifties and the late 1970s, it was an important time to challenge intellectual certainties and reformulate the scientific vision of the world. In the social sciences, it was an age of deconstruction and reconstruction of colonial knowledge, for inventing north-south relations, a time for reconfiguring the concept of cultural space and a time of intense multidisciplinarity. The desire for a renewed approach did not avoid caricature and dogmatism. Indeed, a theoretical universalism intended as replacement for discriminating colonialist discourse, vested itself in a more or less modernized Marxist vulgate of the economy, sociology, linguistics, law, anthropology. More generally, the mission of serving development was conceived in new world time as somehow an echo of the civilizing mission of the past. Yet, despite its limitations and its excesses, “cooperation” may have facilitated the advent of decolonization such that half a century later, European policy was not able to place its relations with the South into a context dominated by cultural reductionism. It is for this reason, without concession to nostalgia or sentiment, that it is useful to revisit the experience and examine the record of cooperation in the social sciences to draw what lessons there may be. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://anneemaghreb.revues.org/701 |