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Titre La détention dans le Kampuchéa démocratique. Un modèle communiste paroxystique ?
Auteur Luc Benaiche
Mir@bel Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est
Numéro no 20, 2012
Rubrique / Thématique
Articles
Page 121-140
Résumé Le régime khmer rouge fut l'un des plus meurtriers que connut le monde au xxe siècle. La compréhension de ce phénomène passe nécessairement par l'étude du phénomène carcéral, pris au sens large, et de sa place dans la répression commandée par ce régime. Les exécutions massives ne furent en effet pas comme on le pensait d'abord des exécutions sommaires dans des lieux reculés, mais l'aboutissement d'un processus passant par l'arrestation, la mise en détention, l'interrogatoire souvent violent, puis à plus ou moins court terme la mise à mort. L'étude de ce système répressif laisse entrapercevoir des spécificités par rapport à d'autres pays communistes : l'absence de tout cadre légal, même formel, à la répression, l'absence de toute tentative de « rééducation » des détenus, pourtant si caractéristique du phénomène carcéral communiste, le peu d'intérêt porté à la main-d'œuvre carcérale, alors que cette dernière fut massivement utilisée par d'autres régimes. Par-dessus tout, la mortalité relative enregistrée par ce système fut extraordinaire par rapport aux autres expériences communistes, et la violence semble y avoir été portée à son paroxysme, posant là au chercheur un problème quant à la caractérisation de ce système répressif.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The Khmer rouge regime was one of the most murderous the world has ever known in the 20th century. In order to understand this phenomenon, one has to study the prison system, in the broader sense of the word, and its place in the repression commanded by this regime. The mass executions were not summary executions in remote places, as it was first thought, but, actually, the endpoint of a process: people were being arrested, imprisoned, often violently questioned before being, sooner or later, put to death. The study of this repressive system in relation to other communist countries makes one get a fleeting glimpse of specificities: no legal framework to repression, not even a formal one; not any attempt whatsoever to “rehabilitate” the prisoners, though this was typical of the communist prison phenomenon; little concern was shown to prison labour, whereas other regimes massively used it. Above all, the relative death-rate recorded by this system was awesome, compared to other communist experiences. It seems violence was brought to its height by this repressive regim, wich raises a problem for the researcher as to how qualify their acts.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://moussons.revues.org/1639