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Titre La matrone, la louve et le soldat : pourquoi des prostitué(e)s « ingénues » à Rome ?
Auteur Florence DUPONT
Mir@bel Revue Clio : Histoires, femmes et société
Numéro no 17, 2003 ProstituéEs
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 21-44
Résumé Le problème historique majeur posé par l'étude de la prostitution à Rome est celui de l'existence de prostitué(e)s libres dans une société esclavagiste. Puisque des corps serviles, ou affranchis, masculins et féminins étaient disponibles en grand nombre, aussi bien dans les demeures des hommes libres que dans les maisons de prostitution, comment se fait-il que des femmes nées libres aient renoncé à leurs privilèges et statut de matrones ? Comment se fait-il aussi que la société ait institutionnalisé ce renoncement en prévoyant d'enregistrer officiellement ces prostituées d'origine libre ? L'explication proposée ici est que les prostitué(e)s libres assument une fonction symbolique qui est d'être l'autre du soldat comme l'acteur est l'autre de l'orateur. Ces « parias » de la société romaine, toujours « efféminés » servent à marquer les marges de l'humanité civilisée dans la continuité, à définir les hommes, libres et adultes et donc « masculins » par ce qu'ils ne sont pas mais ce qu'ils pourraient par malheur, devenir des « effeminés » ou leur équivalent, des prostituées libres.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The main historical problem that occurs when studying prostitution in Rome is the existence of free prostitutes in a slave State. Since servile bodies as well as male and female freed slaves were available in large numbers, in the homes of free men and in brothels, why did born-free women give up their privilege and their status of wives of Roman citizens ? How could society institutionalise this renouncement by officially registering these prostitutes of free origin ? The explanation given here is that free prostitutes took on a symbolic function which was to be the Other of the soldier just like the actor is the Other of the speaker. Always “ feminine ”, these society outcasts were used to define the margins of civilised mankind in its continuity. They were used to define the free and adult men, who were thus “ masculine ” through what they were not, but what they might unfortunately have become, “ feminine ” or their equivalent, free prostitutes.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://clio.revues.org/580