Titre | Industrialisation et mécanisation de la guerre, sources majeures du totalitarisme (XIXe-XXe siècles) | |
---|---|---|
Auteur | Laurent Henninger | |
Revue | Astérion | |
Numéro | no 2, 2004 Barbarisation et humanisation de la guerre | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
|
Résumé |
Laurent Henninger intervenant sur les « révolutions militaires » (notion située au carrefour du débat historique lancé dans les années 1980 par Geoffrey Parker – en polémique avec Jeremy Black – et du débat stratégique américain dans les années 1990) souligne que les avancées dans l'art de la guerre ont été depuis cinq siècles une des composantes majeures de la barbarisation et du totalitarisme. La notion de « révolution militaire » est aujourd'hui contestée par ceux qui y voient un outil interprétatif de trop longue durée et lui préfèrent l'idée de « mutations militaires » (selon laquelle l'accumulation de changements millimétriques sur la longue durée débouche sur des ruptures). Après avoir passé en revue la première révolution militaire – XVe-XVIIe siècles – fondée sur la mise à distance de la cavalerie grâce à l'infanterie nouvelle, à l'artillerie du champ de bataille, Henninger s'interroge sur le critère discriminant pour qualifier les nouvelles guerres de la Renaissance (l'hyperviolence n'en est pas un à ses yeux) et voit dans les armes à feu la vraie rupture car elles influent de façon radicale sur la peur et le courage des combattants et sont source d'une véritable « inhumanité » dans la mesure où leur feu est « imparable ». Il insiste sur l'émergence d'un nouveau type de courage guerrier non archaïque et plus « stoïcien » marqué par l'acceptation de la mort. Dans cette perspective, l'« inhumanisation » technique porterait en elle la possibilité de la barbarisation. L. Henninger développe ensuite cette thèse à partir de l'examen des guerres mécanisées de la période 1860-1950 en s'attardant sur la guerre de Sécession puis sur la Grande Guerre. Il relie aussi la question du totalitarisme à la réflexion sur les « bombardements stratégiques massifs » et les débuts de la dissuasion nucléaire (terme qui ne s'impose que vers 1960). Il conclut en insistant sur le fait que, selon lui, la brutalisation des conflits naît toujours d'un retard de la pensée de la guerre et sur le paradoxe d'une culture occidentale qui produit en même temps barbarie de la guerre et codes qui tentent de l'enrayer. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Article en ligne | http://asterion.revues.org/83 |