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Titre Les génocides et l'état de guerre
Auteur Ninon Grangé
Mir@bel Revue Astérion
Numéro no 6, 2009 L'ami et l'ennemi
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé La définition du mot « génocide » relève d'emblée d'ambiguïtés lexicales et conceptuelles. À l'origine juridique, le terme divise les historiens qui y voient tantôt une spécificité du xxe siècle, tantôt un hapax avec la « solution finale », tantôt un phénomène plus ancien avec le moment fondamental de la colonisation ouverte à l'idée d'extermination. Ainsi, la prudence fera préférer la notion de « massacre de masse ».L'instrumentalisation politique de la référence à l'état de guerre est un parallélisme plutôt qu'une comparaison. Contexte favorable, prétexte, arrière-fond du discours génocidaire, la guerre est faux ami avec le génocide. Huis clos autophage dans une entité politique, le génocide connaît une plus grande proximité avec la guerre civile : la désignation d'ennemis intérieurs, la barrière du corps qui tombe, la « brutalisation » des sociétés favorisent la discrimination d'un ennemi qu'il faut rendre visible pour mieux le faire disparaître. La « bascule » dans le génocide révèle les mécanismes fantasmatiques du politique qui concrétisent l'éventualité destructrice de l'État. Aussi faut-il se demander si le génocide appartient en propre à une terrible modernité du xxe siècle ou à la substance de l'État. La question de la rationalité folle ou de la logique irrationnelle du génocide repose le problème du mal radical et du mal politique : dans la réinvention du politique à travers les pratiques génocidaires, l'existence et l'identité de l'État se redéfinissent hyperconflictuelles.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://asterion.revues.org/1511