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Titre Notions directrices et architectonique de la métaphysique. La critique kantienne de Wolff en 1763
Auteur Stefanie Buchenau
Mir@bel Revue Astérion
Numéro no 9, 2011 La Preisfrage de 1763 de l'Académie de Berlin : certitude mathématique, certitude métaphysique, certitude morale
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé Cet article cherche à reconstituer la thèse de Christian Wolff sur l'évidence (Deutlichkeit) des principes métaphysiques, dans un article de 1729 sur les « Notions directrices et le véritable usage de la première science », qui offre une référence centrale (et méconnue aujourd'hui) aux répondants du concours de 1762-1763, dont Kant. Wolff affirme en effet que la métaphysique est susceptible d'une certitude égale voire supérieure à celle des mathématiques et qu'elle diffuse cette certitude à travers toutes les autres disciplines ; c'est cette thèse forte qu'il s'agira précisément de questionner en 1763. Une lecture plus attentive de l'article de Wolff permet d'en dégager certaines prémisses. La thèse de Wolff sur la certitude mathématique de la métaphysique est fondée sur un renversement de l'ordre de priorité entre métaphysique (ontologie) et mathématiques. Selon Wolff qui, dans son débat avec les mathématiques, s'appuie notamment sur la géométrie euclidienne, ce sont des notions métaphysiques qui fondent la validité des règles mathématiques et logiques. Des notions comme « identité », « chose », « possibilité », etc., possèdent en effet un statut « directeur » ou méthodique, dirigeant l'esprit sur le chemin de la connaissance et, sous une forme systématisée, composent une ontologie moderne et « architectonique ». La restitution de ce cadre permet de mieux voir la continuité méthodologique entre Wolff et Kant. En effet, même si Kant conteste la validité de quelques-uns de ces concepts, les modalités de leur systématisation et l'équation entre science architectonique et ontologie, sa Recherche sur l'évidence des principes s'inscrit à l'intérieur du programme, esquissé par Wolff, de la fondation d'une métaphysique architectonique contenant un tableau de concepts directeurs. De ce point de vue, Kant s'avère plus tributaire de la méthode wolffienne qu'il n'est supposé communément, et leur débat gagne en profondeur.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais This paper presents Christian Wolff's argument on the evidence of metaphysical principles as expounded in his article Directive notions and the true use of the first science (1729). This article was a central and yet forgotten reference for those who responded to the 1762/1763 academy questions such as Kant. Wolff here asserts that metaphysics has a kind of certainty that is equal or even superior to mathematics and that it communicates such certainty to the remaining sciences. It is this Wolffian thesis that Kant attacked in 1763. A closer reading allows to acknowledge more philosophical premises of Wolff's argument. Wolff's thesis on the mathematical certainty of metaphysics inverts the former order of priorities between metaphysics (ontology) and mathematics. According to Wolff (who here seemed to be influenced by Euclides' geometry), metaphysical notions are at the foundation of mathematical and logical rules. Notions such as “identity”, “thing”, “possibility” etc. have a “directive” or methodical status : they direct the mind searching the truth. Together, these notions constitute a modern and “architectonic” ontology. This framework shows the methodological continuity between Wolff and Kant. Even though Kant contested the form of Wolff's system, his response still formed part of the general program sketched by Wolff. Kant still attempted to found some kind of architectonic metaphysics containing a table of directive concepts. From this viewpoint, Kant owes more to Wolff than what has been commonly assumed, and the deep and complex debate between the two thinkers calls for more attention.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://asterion.revues.org/2136