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Titre La presse littéraire parisienne et les "amis belges" (1944-1960).
Auteur Paul Dirkx.
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 111-112 mars 1996 Littérature et politique
Rubrique / Thématique
Littérature et politique
Résumé La presse littéraire parisienne et les «amis belges» (1944-1960) Les articles du Figaro littéraire et des Lettres françaises sur la production littéraire belge francophone contiennent de nombreux symptômes de la méconnaissance dont cette production est l'objet dans le champ parisien. Les deux hebdomadaires, antagonistes à plusieurs égards, s'accordent autour de la valeur centrale de la défense de la « littérature française », c'est-à-dire d'une littérature hexagonale dont les diverses productions littéraires francophones à l'étranger seraient autant d'illustrations accessoires. Leur position respective, dans un champ en pleine restructuration, entraîne toutefois des divergences dans leur discours sur la production littéraire belge. Dans Le Figaro littéraire, celle-ci ne semble exister que par ses secteurs consacrés représentatifs de la « littérature nationale » belge, ce qui correspond à la ligne de continuité observée par le journal conservateur. Mais cette préférence, notamment pour la poésie symboliste, crée des décalages par rapport à l'actualité qui finissent par déréaliser une littérature pourtant vivante. Nées de la résistance intellectuelle et devenues l'un des instruments du PCF dans l'élaboration d'une « littérature française » assainie et accessible au peuple (suivant les préceptes du réalisme socialiste). Les Lettres françaises valorisent paradoxalement la notion de « littérature nationale » en Belgique, mais à partir d'une relecture sélective de l'histoire littéraire ou en propulsant au-devant de la scène des auteurs marqués à gauche et peu reconnus dans leur pays. Ce faisant, elles participent à leur manière à la déconstruction de la « littérature nationale » belge, qui apparaît ainsi une deuxième fois comme un objet au service d'une stratégie proprement française. Les prises de position de collaborateurs belges dans les pages des deux périodiques révèlent, la plupart du temps de manière discrète, un décalage d'autant plus grand qu'en Belgique cette « littérature nationale » fait l'objet d'une délégitimation croissante.
Résumé anglais The Parisian literary press and the "Belgian friends" (1944-1960) The articles in the Figaro litteraire and the Lettres francaises on French-language literary production in Belgium contain numerous symptoms of Paris' misreading of this production. In many respects antagonistic, these two weeklies nevertheless agree on one central value, the defense of "French literature", i.e. of a national literature whose various French-language productions outside France are considered as merely secondary illustrations. However, their respective positions, in a field in the throes of restructuring, lead to divergences in their discourse on the literary production of Belgium. For the Figaro litteraire, this production seems to exist only by virtue of the sectors recognized as representing Belgian "national literature", which fits this conservative paper's usual line. But this preference, notably for symbolist poetiy, creates a reality gap which ultimately deprives what is a living literature of its reality. A product of the intellectual resistance and later one of the instruments wielded by the French Communist Party in elaborating a healthier "French literature" accessible to the people (in line with the precepts of socialist realism), the Lettres francaises paradoxically plays up the notion of a "national literature" in Belgium, but this is done on the basis of a selective re-reading of literary history or by featuring left-leaning authors quite unfamiliar to their fellow countrymen. In so doing, this paper makes its own contribution to the deconstruction of Belgian "national literature", which, for a second time, appears as an object serving a purely French strategy. The stands taken by Belgian contributors to the pages of the two weeklies reveal, usually discretely, a discre-pancy that is all the greater as this "national literature" is a victim of growing delegitimization in Belgium.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1996_num_111_1_3172