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Titre Entre « assimilation » et « décivilisation » : l'imitation et le projet colonial républicain
Auteur Emmanuelle Saada
Mir@bel Revue Terrain
Numéro no 44, mars 2005 Imitation et Anthropologie
Rubrique / Thématique
Imitation et Anthropologie
Page 19-38
Résumé La notion d'imitation a été au cœur du projet colonial de la iiie République. Loin de plaquer les significations du terme en sociologie ou en anthropologie, les acteurs coloniaux ont mis en œuvre des usages spécifiques du concept, qui empruntent à des savoirs pratiques, développés en marge des discours savants et inspirés par la synthèse néo-lamarckienne entre « milieu », « hérédité » et « imitation ». Ces usages sont inséparables des débats doctrinaires sur la « politique indigène » : dans les dernières années du xixe siècle, l'imitation est convoquée dans la polémique entre « assimilation » et « association » ; dans les années 1920 et 1930, elle est au centre de la « sociologie coloniale » de René Maunier. L'imitation est enfin et surtout objet de préoccupations de la part de l'administration coloniale. Dans la mesure où celle-ci se donne pour tâche de reproduire le grand partage entre « indigènes » et « citoyens », elle doit faire face à une double contrainte posée par l'existence de phénomènes mimétiques : si l'imitation est l'instrument privilégié de la « mission civilisatrice », elle remet en cause la dichotomie colonisateur/colonisé au fondement de la domination coloniale produisant des « décivilisés » européens et des « évolués » indigènes.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Between “assimilation” and “décivilisation”: imitation and the French Republican colonial projectThe notion of imitation was at the center of the Third Republic's colonial project. Far from making direct use of the anthropological or sociological meanings of the term, colonial actors developed their own significations, borrowing from practical forms of knowledge. These had developed in the margins of academic science and were inspired by the neo-lamarckian synthesis between “heredity”, “milieu” and “imitation”. The colonial uses of the notion of “imitation” were strongly linked to the debates on “indigenous politics”: in the last years of the nineteenth-century, “imitation” was an important concept in the polemic between “assimilation” and “association”; in the 1920s and 1930s, it was at the center of René Maunier's “colonial sociology”; most importantly, imitation figured prominently in the colonial administration's preoccupations. Since one of the administration's main tasks was to reproduce the distinction between “indigenous subjects” and “citizens”, it had to face a “double bind of imitation”: if imitation was the most efficient tool of the “civilizing mission”, it produced both “décivilisés” (Europeans going natives) and “évolués” (acculturated indigenous people) and thus blurred the distinction between “colonizer” and “colonized” on which colonial domination was predicated.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://terrain.revues.org/2618