Titre | La prison centrale de Yaoundé : l'espace au cœur d'un dispositif de pouvoir | |
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Auteur | Marie Morelle | |
Revue | Annales de géographie | |
Numéro | no 691, 2013/3 | |
Page | 332-356 | |
Résumé |
Cet article traite du fonctionnement interne de la prison centrale de Yaoundé (Cameroun). Construite en 1968 pour accueillir 1 000 prisonniers, celle-ci abrite environ 4 000 détenus, répartis de manière très inégalitaire. De tels effectifs influent sur les processus de contrôle de l'espace carcéral. On constate l'émergence d'une gestion de la prison fondée sur une double hiérarchie dans le travail de surveillance : les gardiens exercent leur contrôle sur les détenus tout en déléguant une partie de cette tâche à certains prisonniers. Selon un système de don-contre-don, des détenus accèdent ainsi à de relatifs privilèges durant leur incarcération. Ils surveillent des espaces et des seuils au sein de la prison : ils en tirent une rente et un statut. D'autres prisonniers encore ont recours à la corruption des agents de l'administration pénitentiaire. Des logiques informelles de régulation et de pacification de l'espace carcéral côtoient ainsi des pratiques plus formelles. Ensemble, elles produisent un dispositif de pouvoir, garant du maintien de l'ordre en prison. Cet article étudie les rapports de pouvoir entre les personnels de l'Administration pénitentiaire et les détenus d'une part, et entre les détenus d'autre part, dans leur dimension spatiale, en étudiant en particulier les circulations internes à la prison centrale de Yaoundé. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This paper aims at analysing the interactions between inmates and between inmates and the penitentiary authorities, in a carceral situation, from a spatial point of view. It focuses especially on internal mobilities, in the Kondengui Central Prison, Yaounde. The Prison is overcrowded. It was built in 1968 for 1 000 inmates and now hosts 4 000 of them. This overcrowding acts upon the appropriation of space and the power structures within the prison, in a context where the prisoners are unevenly divided into the 13 districts of the Kondengui neighbourhood. There is a co-management of the prison based on a double-hierarchy : guards control inmates but delegate some of the work of surveillance to some inmates. Following agift/counter-gift systemwith guards, some inmates have certain privileges in jail. To have the control of some places and doorsteps means money, status and power. Other prisoners can also corrupt the guards to have some local benefits. Their is no way one could make a binary opposition between the formal prison organization and the inmates'and guards'informal tactics and strategies. Informal and institutional practices create a specific power apparatus, to maintain order inside the prison. This paper therefore proposes a microgeography of the carceral space to understand the power relationships between guards and inmates, and between prisoners, in a context of confinement. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AG_691_0332 |