Titre | Enjeu et fondation des études exiliques ou Portrait de l'exilé | |
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Auteur | Alexis Nouss | |
Revue | Socio | |
Numéro | n°5, novembre 2015 Inventer les sciences sociales postoccidentales | |
Rubrique / Thématique | CHANTIERS |
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Page | 241 | |
Résumé |
Le champ des « études exiliques » est inexistant dans la francophonie alors que sa constitution s'avère indispensable devant l'ampleur et la nature des phénomènes migratoires contemporains, notamment en Europe. Le trajet de plus de 230 millions de migrants déclarés dans le monde occasionne des rencontres de cultures et de langues plus intensifiées qu'auparavant mais aussi des tensions sociales préoccupantes. L'expérience exilique, à désigner comme exiliance, déploie une potentialité heuristique unique face à ces nouvelles réalités et catégories migratoires extrêmement variées qu'il importe cependant de penser ensemble. Penser l'exil, travailler sur ses diverses manifestations en tant qu'expérience, c'est-à-dire dans une dimension à la fois individuelle et collective, recentre sur le réel les approches de la migration qui, à coup de statistiques et d'analyses économiques, effacent le sujet migrant ou le neutralisent dans ses potentialités d'acteur politique. Avancer un trait existentiel commun entre les diverses catégories exiliques équivaut à brosser un portrait de l'exilé. L'emploi du terme « portrait » cherche à déplacer la perspective habituelle et à insister sur la différence entre un migrant et un exilé : le premier correspond à une réalité faite de chiffres et de statistiques, le second renvoie à une expérience humaine. Une méthodologie du portrait trouvera ses fondements dans les pensées d'Albert Memmi, de Frantz Fanon, d'Albert Camus et de Zygmunt Bauman. Savoir ce que représente, dans les termes de Lévinas, ne pas être-chez-soi, dépasse l'enjeu épistémologique pour permettre de réfléchir à une société plus inclusive dans une perspective tant éthique que politique. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The field of “exile studies” is non-existent in the French-speaking world, whereas, given the extent and nature of present-day migratory phenomena, in particular in Europe, its constitution would appear to be essential. The journeys of over 230 million recorded migrants at world level gives rise to more intensified encounters of cultures and languages than previously but also to social tensions which are a cause for concern. The experience of exile, to be referred to as exiliance, is a source of a unique heuristic potential with these new realities and extremely varied categories of migrants which it is however important to consider together. A consideration of exile, working on its various manifestations as an experience, that is in a dimension which is both individual and collective, means refocusing approaches to migration on the real world; the effect of statistics and economic analyses tends to erase the subject/migrant or to reduce the subject/migrant to its potential of political actor. To suggest that there is an existential feature shared by the various categories of exiles amounts to painting a portrait of the exile. The use of the word “portrait” is an endeavour to shift the usual perspective and to insist on the difference between a migrant and an exile. A migrant corresponds to a reality made up of figures and statistics, the second refers to a human experience. A portrait methodology would have its roots in the thoughts of Albert Memmi, Frantz Fanon, Albert Camus and Zygmunt Bauman. Understanding what Lévinas means by not “being-at-home” (ne pas être-chez-soi) goes beyond the epistemological issue to enable consideration of a more inclusive society in both an ethical and political perspective. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://socio.revues.org/1970 |