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Titre Epargne et équité entre les générations
Auteur Christophe Marchand
Mir@bel Revue Revue d'économie financière
Numéro no 42, juillet 1997 Les nouvelles formes de gestion de l'épargne
Rubrique / Thématique
Les nouvelles formes de gestion de l'épargne
Résumé L'article met en perspective la dégradation de la situation financière des États dans les pays industrialisés, en intégrant le passif constitué des quasi « droits à retraite » des régimes de retraite par répartition. Pour en apprécier la portée en termes d'équité entre les générations, il reprend des critères classiques d'équité utilisés en économie du bien-être, le critère utilitariste et le critère « contractualiste » développé par le philosophe américain John Rawls. L'article montre que, contrairement à la thèse avancée par John Rawls, le critère utilitariste permet d'apprécier l'équité ou l'inéquité d'une distribution donnée du bien-être ou de l'effort d'épargne entre les générations successives. Au regard du critère utilitariste, le niveau d'épargne « équitable » pour la génération présente est le niveau d'épargne « utile », c'est-à-dire celui qui maximise la somme des consommations possibles de l'ensemble des générations nées ou à naître. Ce niveau d'épargne est atteint, dans le modèle néo-classique de croissance, lorsque le taux d'intérêt réel est égal au taux de croissance « naturel » de l'économie (« règle d'or » de l'accumulation du capital). Dans le modèle néo-classique, l'accélération du progrès technique ou de la croissance démographique accroît le niveau d'épargne « équitable » puisqu'il rend plus efficace une augmentation de l'épargne ou de l'investissement. L'article revient sur divers épisodes de l'histoire économique de l'occident qui tendent à indiquer un comportement « utilitariste » des populations : l'épargne et l'investissement augmentent lorsque le progrès technique ou la croissance de la main-d'oeuvre « utile » s'accélèrent. Mais tel n'est pas le cas aujourd'hui. Malgré l'accélération du progrès technique, avec la révolution de l'informatique et des communications, et malgré l'augmentation de la main-d'oeuvre utile, avec la mondialisation, l'effort d'épargne n'augmente pas dans les pays industrialisés. Il est vraisemblablement inférieur au niveau recommandé par la règle d'or. On peut interpréter ce phénomène de deux manières : soit les générations présentes sont contractualistes, soit elles sont utilitaristes mais ne se sont pas rendues compte qu'elles lésaient les générations futures en laissant s'accumuler les dettes publiques.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Savings and distributive justice among generations This article addresses the deterioration of the financial situation in industrialised countries by taking into account the liabilities due to the quasi « pension rights » of the « pay as you go » pension systems. In order to understand its scope in terms of distributive justice among generations, it analyses classical criteria of fairness dealt with by the welfare economics : the utilitarian criterion and the « contractualist » criterion developed by the American philosopher, John Rawls. As opposed to John Rawls' assumption, this article shows that the utilitarian criterion enables to appreciate the fairness or unfairness of a given well-being distribution of subsequent generations' saving behaviours. In the utilitarian criterion's view, the level of « fair » saving for the present generation is the level of « useful » saving, that is : the one which maximises the amount of potential consumption from all existing and future generations. According to the neoclassical growth model, this savings level is reached when the real interest rate is equal to the « natural » economy growth rate (« golden rule » of capital accumulation). In the neo-classical model, the speeding-up of technical progress increases the level of « fair » saving level, since it makes savings or investment more effective. The article goes back to different episodes of Western economic history which tend to show people's utilitarian behaviour : savings and investment needs increase when technical progress speeds up. But such is not the case today, which can be interpreted in two ways : either present generations are « contractualist », or they are utilitarian, but have not realised that they were prejudicial to future generations by leaving public debts accumulate.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/ecofi_0987-3368_1997_num_42_4_2361