Contenu de l'article

Titre Kilis as “little Beirut”: Shadow Markets and Illegality in the Southeastern Margins of Turkey
Auteur Hatice Pınar Şenoğuz
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 27, 2015-3 Frontières et circulations au Moyen-Orient (Machrek/Turquie) + Varia
Rubrique / Thématique
Frontières et circulations au Moyen-Orient (Machrek/Turquie)
Résumé Les frontières du Moyen-Orient ne sont pas seulement caractérisées par les relations de confiance, le caractère traversant des modes d'existence, des relations de parenté, des alliances familiales et des affinités ethniques mais également par les flux transnationaux connectant ces régions frontalières avec des réseaux commerciaux et financiers plus larges atteignant les centres métropolitains. A partir d'un travail ethnographique effectué entre le début de 2011 et la mi-2012 dans la ville-frontière de Kilis, voisine de la Syrie, cet article enquête sur les modes de production de la richesse en dehors de l'Etat formel et sur les canaux d'échange commerciaux aux marges sud-est de la Turquie. Il explore la croissance d'une économie souterraine transnationale le long des frontières sud-est de la Turquie dans la période d'Industrialisation de Substitution aux Importations (ISI), durant les années 1960-1980, et entend montrer que cette croissance anticipait l'évolution néo-libérale du secteur commercial. La période de l'ISI se caractérisait par l'imposition d'une réglementation stricte sur la circulation des devises étrangères et par l'application de tarifs douaniers élevés et de quotas sur les importations, afin de créer des conditions favorables à une industrialisation nationale. A partir du point de vue d'un contrebandier devenu-businessman et d'une famille élargie aux origines rurales mais en pleine ascension sociale vers la classe moyenne urbaine, l'article envisage la frontière géographique non seulement comme délimitation territoriale, mais aussi comme une marge de l'économie et de la loi. Les habitants ont cherché à profiter de cette frontière-marge en l'instrumentalisant comme mécanisme d'ascension sociale, en la manipulant et en la contournant. L'article montre comment les habitants de la région frontalière ont été intégrés à la logique redistributive de l'économie souterraine, ont profité des mesures protectionnistes en percevant une taxe sur l'entrée illégale de biens de consommation, d'or et de devises étrangères, et assuré leur subsistance dans une région où, dans le cadre du développement fondé sur l'ISI, les possibilités d'emploi régulier et de salaire stable faisaient défaut.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The Middle Eastern borders are not only characterized by relations of trust, straddling forms of living, kinship, familial alliance and ethnic affinity but also by transnational flows connecting these borderlands with broader commercial and financial networks across the metropolitan centers. Drawing on an ethnographic fieldwork between early 2011 and mid-2012 in Kilis border town at the Syrian frontier, this paper dwells upon the wealth generation outside the formal state and market channels on the southeastern margins of Turkey. It explores the growth of transnational shadow economy along the southeastern borders of Turkey within the context of import-substituting industrialization (ISI) of 1960-1980 and argues that it foreshadowed the neoliberal trade liberalization. ISI period was characterized by the imposition of strict regulation on the circulation of foreign exchange as well as high import tariffs and quotas in order to provide the favourable conditions for domestic industrialization. From the vantage point of a smuggler-turned-into-businessman and an extended family from rural background moving up among the ranks of urban middle class, the paper approaches the geographical border not only as territorial boundary, but also as the margins of economy and law that the dwellers sought benefiting as a mechanism of upward mobility by manipulating and circumventing them. It demonstrates how border dwellers were incorporated into the redistributive logic of shadow economy, took benefit of the protective measures by reckoning rents to the illegal entry of consumer goods as well as gold and foreign currency and made their living in a border region that lacked opportunities for regular employment and a secure salary within the framework of ISI-based development.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://espacepolitique.revues.org/3581