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Titre Les limites de la brutalisation. Tuer sur le front occidental, 1914-1918
Auteur Antoine Prost
Mir@bel Revue 20 & 21. Revue d'histoire
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 81, janvier-mars 2004 Révolution urbaine et mondialisation
Page 5
Résumé Le succès actuel des notions de « brutalisation » des sociétés et de « banalisation » de la violence extrême, introduites par George Mosse, oblige à réexaminer dans leurs spécificités les formes des combats sur chacun des fronts de la première guerre mondiale. Ce devoir d'histoire est d'autant plus impérieux que, de l'idée d'une « brutalisation » collective, on est passé, de façon plus ou moins raisonnée et argumentée, à celle d'un « ensauvagement » individuel. L'article propose de relire les témoignages accessibles d'anciens combattants du front de l'Ouest, en tenant compte à la fois de l'impossibilité d'établir avec précision la proportion de ceux qui se sont trouvés consciemment en situation de tuer, de la variété de circonstances produite par la transformation de la guerre de mouvement en une guerre industrielle, où le premier rôle revient à l'artillerie, du caractère irréductiblement individuel du rapport à l'acte de tuer, enfin du sentiment immédiat de culpabilité que cet acte a pu faire éprouver à ceux qui l'ont commis. Une conclusion au moins paraît s'imposer : la libération de pulsions meurtrières n'a pu concerner, dans cette guerre et sur ce front, qu'une petite minorité.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The present success of the notions of « brutalization » of societies and « banalization » of extreme violence introduced by George Mosse makes it necessary to reexamine the specific types of fighting on each of the fronts of World War 1. This historical necessity is even more essential because of the passage from the idea of a collective « brutalization » to one, more or less well thought out and argued, of an individual « wildishness ». The article revisits the available accounts of veterans from the Western front, taking into account the impossibility of establishing precisely the proportion of those who found themselves consciously in a position to kill, the variety of circumstances produced by the transformation of the war of movement to an industrial war, in which the main role fell to the artillery, the irreducibly individual character of the relationship to the act of killing, and lastly, of the immediate feeling of guilt that this act led those who committed it to feel. At least one conclusion is clear : the liberation of murderous drives only concerned, in this war and on this front, a small minority.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_081_0005