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Titre Gérer les crises — Comment les gouvernements locaux ont-ils réagi à la crise financière de 2008 et comment expliquer les différences ? Le cas des communes suisses
Auteur Andreas Ladner, Nils Soguel
Mir@bel Revue Revue Internationale des Sciences Administratives
Numéro vol. 81, no 4, décembre 2015 Varia
Rubrique / Thématique
Articles
Page 797-818
Résumé Les communes suisses sont largement souveraines pour financer leurs activités. Leurs ressources proviennent avant tout de l'impôt sur le revenu et de l'impôt foncier prélevés auprès des ménages et des entreprises. Une crise, comme celle de 2008, qui touche la sphère financière et l'économie en général risque d'avoir des répercussions directes sur les budgets locaux. Dans le présent article, nous examinons la manière dont les communes perçoivent ce risque et y réagissent. Dans une enquête menée à l'échelle nationale fin 2009 dans les 2596 communes suisses, nous avons demandé aux secrétaires municipaux quelles mesures avaient été prises face aux pertes fiscales attendues et à la hausse possible des dépenses sociales suite à la crise de 2008. Des mesures keynésiennes ont-elles été prises, en augmentant les dépenses et en acceptant des déficits plus importants, ou y a-t-il eu tentative de limiter les déficits par des mesures d'austérité, notamment en restreignant les investissements prévus ? Nos résultats indiquent que quelques communes seulement (essentiellement les plus grandes) s'attendaient à être durement touchées par la crise. On n'observe cependant pas de tendance systématique et conforme à la théorie. Certes des mesures d'austérité ont été mises en place ou un déficit budgétaire a été provoqué, mais bon nombre de communes ont appliqué simultanément des mesures relevant des deux théories. L'impact perçu de la crise au niveau local et l'appartenance de la commune à la partie francophone du pays sont les principaux facteurs expliquant la réaction des communes et les raisons de cette réaction. La taille de la commune joue aussi un rôle. Mais l'influence du parti social-démocrate est négligeable. Le type de mesures que les communes sont susceptibles de prendre est plus difficile à expliquer. Cependant, plus une commune se sent touchée, plus elle s'orientera vers des mesures d'austérité. Comment réagir à une crise financière ? Voilà une question à laquelle il est difficile de répondre, tant d'un point de vue scientifique que d'un point de vue pratique lorsqu'il s'agit de procéder à un arbitrage entre les diverses options possibles. La présente contribution montre que les débats théoriques entre les mesures de soutien à l'économie au prix de déficits publics d'un côté et des mesures d'austérité budgétaire de l'autre ne correspondent guère à la réalité, du moins au niveau local. Les responsables politiques avisés réduisent les dépenses et investissent là où c'est nécessaire. Tel est l'enseignement apporté par le comportement des communes suisses au lendemain de la crise de 2008.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Swiss municipalities are, to a large extent, responsible for their financial resources. Since these resources primarily depend on income and property taxes from individuals and enterprises, municipality budgets are likely to be directly affected by the current crisis in the financial sector and the economy. This article investigates how municipalities perceived this threat and how they reacted to it. In a nationwide survey conducted at the end of 2009 in all 2596 Swiss municipalities, we asked local secretaries which measures had been launched in order to cope with expected losses in tax income and a possible increase in welfare spending. Did the municipalities rely on Keynesian measures increasing public spending and accepting greater deficits, or did they try to avoid further deficits by using austerity measures and a withdrawal of planned investments ? Our results show that only a few municipalities – mainly the bigger ones – expected to be greatly affected by the crisis. Their reactions, however, did not reveal any clear patterns that theory would lead one to expect. Preferences for austerity measures and deficit spending become visible but many municipalities took measures from both theories. The strongest explanatory factors for determining how/why municipalities react are : the municipality's level of affectedness followed by whether or not the municipality belongs to the French-speaking part of the country. Size also has an impact, whereas the strength of the Social Democrat party is negligible. Explaining what kind of measures municipalities are likely to take is more difficult. However, the more a municipality is affected, the more likely it is to stick to austerity measures.Points for practitioners:How to react to a financial crisis is not only a challenging question to answer for the scientific community but also for practitioners being confronted with the crucial decisions to be taken. This contribution shows that the theoretical debates stipulating the exclusiveness of deficit spending or austerity measures is hardly reflecting reality, at least not at the local level. Policymakers are well advised to cut down expenditure and to invest where necessary. This is, at least, what can be learned from the practices of the Swiss municipalities after the 2008 crisis.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RISA_814_0797