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Titre Cerveaux fous et sexes faibles (Grande-Bretagne, 1860-1900)
Auteur Aude Fauvel
Mir@bel Revue Clio : Histoires, femmes et société
Numéro no 37, 2013 Quand la médecine fait le genre
Page 41-64
Résumé La psychiatrie est souvent présentée comme la science sexiste par excellence, les experts du psychisme ayant non seulement nourri les discours sur l'infériorité du « sexe faible », mais aussi très concrètement contribué à l'exclusion des femmes en acceptant « d'hospitaliser » celles qui refusaient de se conformer aux désirs masculins. Sans pour autant mettre en cause ce constat du rôle détestable joué par les psychiatres dans la répression des femmes, cet article propose de voir cette histoire sous un autre angle en réfléchissant aux répercussions de cette prise de position sexiste sur l'agencement du savoir médical et, inversement, sur celui des représentations des patientes. L'exemple britannique montre en effet que les théories sur l'infériorité mentale des femmes n'ont pas été partagées par l'ensemble du corps médical et ont, en outre, parfois été fortement combattues par les malades – poussant ainsi à nuancer l'image d'un « pouvoir psychiatrique » univoque et tout-puissant. En retraçant les débats qui ont entouré l'émergence de la thèse du « cerveau faible » dans la Grande-Bretagne du XIXe siècle, il s'agit donc de jeter un autre regard sur la construction (et la déconstruction) des catégories du savoir psychiatrique et de comprendre comment les sujets de ce savoir – les patientes – ont pu, par « en bas », influencer leur évolution.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Psychiatry is often described as a particularly sexist and biased science, which not only contributed in the past to the rise of derogatory discourses on the inferiority of the so-called “weaker sex”, but also colluded in practice with the consignment of women to mental institutions, since the “mad-doctors” agreed to hospitalize those “abnormal” women who dared to rebel against male desires. This article does not question the link between psychiatry and anti-feminism, but considers this history from another angle, by analysing the repercussions of this sexist standpoint on the shaping of medical knowledge, and conversely, on representations of female patients. The British case in fact demonstrates that not all physicians accepted the theories about women's mental inferiority, and that such theories were indeed sometimes strongly contested by the patients themselves. “Psychiatric power” was not always all-powerful, nor did it necessarily speak with one voice. By exploring the debates surrounding the emergence of the “weaker brain” theory in nineteenth-century Britain, the purpose of this paper is thus to shed fresh light on the construction (and deconstruction) of psychiatric ideas, and to help understand how the subjects of such ideas – women patients – might sometimes succeed in challenging the views of their doctors, “from below”.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://clio.revues.org/10972