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Titre La triche : le paradoxe éthique du progrès économique ?
Auteur Janine Jacquet
Mir@bel Revue Revue management & avenir
Numéro no 22, février 2009
Rubrique / Thématique
Cahier : La triche au sein du monde économique : pratiques, enjeux et regards
Page 245-262
Résumé La multiplication des scandales dans le monde des affaires résonne parfois comme autant de dérapages individuels qui ne sauraient être expliqués autrement que comme la conséquence de systèmes de procédures imparfaits. De ce point de vue, le contournement des règles suscite une remise en question des mécanismes de contrôle visant à juguler les comportements individuels déviants.Pourtant, la triche nous interpelle en ce qu'elle semble aussi manifester une évolution de nos sociétés - riches et opulentes - confrontées à leurs propres contradictions qui suggèrent une réflexion sur les rapports entre le progrès économique et l'éthique du monde des affaires. Il ne s'agit pas là d'une réflexion sur le caractère moral de l'activité économique. Mais plutôt de l'impact du progrès économique sur les valeurs adoptées dans la société. Autrement dit, la triche ne manifesterait-elle pas des dysfonctionnements de nos sociétés modernes, faisant écho à une rupture plus profonde, celle qui semble s'opérer entre la dimension morale de la société et sa dimension économique ?Dans le cadre de cette réflexion, il nous paraît intéressant de convier certains penseurs dont la pensée est riche d'enseignements. Il s'agit d'auteurs du XVIIIème siècle qui constituent ce que l'on appelle l'école historique écossaise. Entouré d'Adam Ferguson ou encore de John Millar, Adam Smith, qui est le chef de file de ce courant, s'efforce de repenser les rapports entre la morale et l'activité économique en s'appuyant sur une approche historique, originale en cette période. Tout en posant les fondements de ce qui deviendra la science économique, ces auteurs développent ainsi un point de vue critique, montrant à la fois comment les valeurs d'intégrité, d'honnêteté qui se propagent dans la société en conséquence du progrès économique sont aussi sapées dans un état de société riche et opulent. L'école historique écossaise n'a rien de commun avec les moralistes traditionnels. Son point de vue découle d'une vision globale de la société où toutes les dimensions du social - économique, morale et politique - sont analysées dans les rapports qu'elles entretiennent entre elles. C'est précisément d'un déséquilibre entre ces différentes sphères que découlent ce que ces auteurs nomment la corruption des mœurs - celle qui conduit les individus à contourner les règles - qui n'est pas à rechercher dans la sphère économique elle-même.Nous nous proposons d'examiner le phénomène de la triche en nous appuyant sur les réflexions des auteurs de l'école historique écossaise. Pour ce faire, nous étudierons la complexité du lien qu'ils construisent entre le niveau de développement de la société et les comportements déviants. Puis, dans un second temps, nous considérerons l'analyse critique qu'ils formulent de la société riche et opulente ainsi que leurs interprétations des contradictions qui y sont à l'œuvre.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Cheating could not be understood from the only point of view of the individual behavior. Cheating could also be interpreted in a sociological way. Indeed, the non-respect of the social rules could be seen as the consequences of the gap growing between the economic sphere and the social sphere. This gap, presented by some authors as one of the main effects of economical progress, endanger the moral bases of the social order. In this way, the Scottish Historical School, in particularly one of his main member, Adam Ferguson, could provide some genuine elements of answer and help to define cheating as a social phenomena.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MAV_022_0245