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Titre L'invention du culte musulman dans l'Algérie coloniale du XIXe siècle
Auteur Oissila Saaidia
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro no 14, 2016 Dossier : Musiques et sociétés
Rubrique / Thématique
Varia
Page 115-132
Résumé L'une des conséquences de la conquête de l'Algérie a été de mettre les autorités françaises devant l'obligation de gérer simultanément les trois principales religions monothéistes, et cela dans un contexte colonial unique au sein de l'empire français. Dans la mesure où l'Algérie est organisée en départements dans lesquels toutes les lois sont – en théorie – rendues applicables par décret, l'organisation des cultes est tributaire d'un cadre conçu pour la métropole. Si pour le catholicisme, le protestantisme et le judaïsme le transfert de ce cadre peut sembler aller de soi, malgré des réticences, qu'en est-il de l'islam, religion des colonisés ? La mise en place du culte musulman dans l'Algérie coloniale du XIXe siècle a été conditionnée par une double contrainte : celle du contrôle de l'islam considéré comme l'obstacle majeur à la domination française et celle de la gestion du fait musulman en contexte pluriconfessionnel. Pour faire face à cette situation, les agents de l'administration – militaire et civile – ont développé différentes stratégies dans un contexte de conquête, à partir de leurs connaissances des populations et de leurs propres techniques administratives. Ce processus conduit à s'interroger sur les mécanismes qui ont mené à l'invention et à la construction du culte musulman, à identifier les artisans de cette transformation et à en repérer les fondements juridiques et administratifs. C'est pourquoi l'article s'intéresse aux conditions de la mise en place du culte musulman, à son organisation et à son évolution de 1830 à 1914, mais avance aussi quelques pistes d'interprétation sur le régime des cultes en Algérie et sur ces avatars dans la France du début du XXIe siècle.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais One of the consequences of the conquest of Algeria was to make the French public authorities guardians of the three monotheist religions, and this in a colonial context within the French Empire. To the extent that Colonial Algeria was organized into administrative departments for which laws were in theory enacted by decree, the organization of public worship was dependent upon practices instituted in the home jurisdiction. If the framework seemed obvious for Catholic, Protestant and Jewish worship, despite some reluctance, what was there to say about Islam, the religion of the colonized? The establishment of Muslim worship in colonial Algeria in the nineteenth century was the result of a double bind: on the one hand, the authorities were required to channel Islam, a major obstacle to French rule. On the other hand, French civil society, a multi-confessional society, would have been required to show respect for Islam. To deal with this situation, military and civilian agents of the state developed strategies for dominance based on their own knowledge of the subject populations, using available administrative techniques. This process led us to reflect upon the organization and functioning of Muslim religious services as well as their legal and administrative bases. The present article focuses on the organization and development of Muslim observance from 1830 to 1914, and suggests possible interpretations for worship practices in Algeria and by extension, in France in the early twenty-first century.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://anneemaghreb.revues.org/2689