Titre | « Rien de personnel » : Notes sur la question de l'acceptio personarum dans la théologie scolastique. | |
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Auteur | Pasquale Porro | |
Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT | |
Numéro | Tome 94, no 3, 2010 La singularité de la personne : entre liberté et humilité | |
Rubrique / Thématique | La singularité de la personne : entre liberté et humilité |
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Page | 481-509 | |
Résumé |
La tradition théologique oppose la notion d'acceptio personarum à celle de mérite : il y a préférence personnelle quand, dans la concession d'un bénéfice, le bénéficiaire est privilégié, non en raison de ses mérites pour ainsi dire objectifs, mais de la disposition subjective du bienfaiteur. Le présent article considère la manière par laquelle la notion apparaît dans les discussions sur le rapport entre grâce et mérite dans la pensée scolastique, à partir des exemples privilégiés de Thomas d'Aquin et d'Henri de Gand. Pour exempter Dieu de l'accusation d'acceptio personarum, tout en maintenant le postulat de la gratuité absolue de la grâce, Thomas d'Aquin et Henri de Gand choisisse d'emprunter des voies différentes : Thomas – en cela plus fidèle à la position de l'Augustin de la maturité – soutient que Dieu peut effectivement traiter les hommes inégalement, dans la distribution de la grâce, sans pour cela enfreindre la justice distributive, puisque la grâce, n'étant pas due, n'a rien à faire avec la justice distributive ; Henri préfère en revanche faire l'hypothèse que, même s'il n'y a pas de mérite propre qui puisse rendre digne de la grâce et la faire entrer dans la sphère de la justice distributive, il y a au moins, du côté des hommes, une “congruence” que Dieu ne peut écarter : Dieu n'agit pas arbitrairement, il prend en considération (sans toutefois y être obligé) les conditions déterminées des personnes (leur congruence), et non les personnes en tant que telles. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In the theological tradition, the notion of acceptio personarum is opposed to that of merit: respect of persons is referred to when, in the conferring of a benefit, the beneficiary is singled out, not on the basis of any so to speak objective merits, but on the basis of the subjective disposition of the benefactor. The article considers the way in which the notion is used in the Scholastic debate over the relation between divine grace and human merit, focusing mainly on the different positions of Thomas Aquinas and Henry of Ghent. In order to preserve God from the allegation of acceptio personarum, while at the same time maintaining the principle of the absolute gratuity of grace, Thomas Aquinas and Henry of Ghent adopt different strategies. Aquinas, who seems to be more faithful to Augustine's mature position, affirms that, without causing offense to distributive justice, God can indeed treat individuals unequally when dispensing grace, since grace, being something that is not earned, has nothing whatever to do with distributive justice. Henry, on the other hand, proposes that even if there is no merit which as such could make a person worthy of receiving grace, and so bring grace within the bounds of distributive justice, human beings nevertheless have a certain “congruence” that God cannot just set aside. Rather than acting arbitrarily, God takes into account (although without being obliged to do so) not just persons as such, but the particular conditions in which they find themselves (their congruence). Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RSPT_943_0481 |