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Titre Picasso ou l'enfance en boucle
Auteur Michèle Coquet
Mir@bel Revue Gradhiva : revue d'anthropologie et de muséologie
Numéro no 9, 2009 Arts de l'enfance, enfances de l'art
Rubrique / Thématique
I. Les enfants de l'art
Page 82-101
Résumé Comme nombre d'artistes du XXe siècle en quête d'un langage pictural en rupture avec le réalisme académique, Picasso emprunte largement au dessin enfantin ses lignes rebelles à toute convention savante pour élaborer un langage plastique nouveau. Mais sa recherche ne ressortit pas seulement à une interrogation d'ordre formel. Le regard qu'il pose sur le dessin d'enfant se nourrit d'un double mouvement qui, en tant que fils, le porte vers son père, premier maître de dessin et de peinture, et, en tant que père, vers ses propres enfants pour lesquels il exécute de faux dessins d'enfants. Ainsi, pour Guernica, il utilise l'un d'eux comme une arme graphique d'autant plus puissante à dénoncer le bombardement de la ville basque que sa destinataire première est l'une de ses filles. Tout au long de son œuvre, l'artiste ne cesse en réalité de faire retour sur sa propre enfance. En témoigne la résurgence périodique du motif des pigeons. Privilégié par son propre père qui en avait fait son sujet de prédilection, ce motif, qu'il copia durant ses années d'apprentissage, inscrit dans l'œuvre le poids moral d'une dette filiale qu'il ne peut acquitter. Motif iconographique des peintures de l'Annonciation sous la forme d'une colombe auréolée, il lui revient, lorsqu'il est associé à une enfant ou une jeune fille, d'évoquer la mémoire d'une jeune sœur défunte, Maria de la Concepción, dont la mort signa l'engagement définitif du jeune Picasso dans le métier de peintre.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Like numerous 20th century artists in search of a pictorial language that would break with academic realism, Picasso broadly borrowed from children's drawing his lines that rebelled against all erudite conventions to develop a new plastic language. But his search did not come only from an examination of form. The gaze which he placed on children's drawing was nourished by a double movement which, as a son, carried him towards his father, his first drawing and painting teacher, and, as a father, towards his own children for whom he made pretend children's drawings. Thus for Guernica, he used one of these as a graphic weapon, all the more powerful because its first owner was one of his daughters, to denounce the bombing of the Basque town. Throughout his life's work, the artist never really ceased to return to his own childhood. The periodical resurgence of the motif of pigeons bears witness to this.  Privileged by his own father for whom it was the favourite subject, this motif, which he copied during his years of apprenticeship, inscribes in his work the moral weight of a filial debt that he cannot repay. As an iconographic motif in the paintings of the Annunciation in the form of a haloed dove, he returns to it, when it is associated with a child or a yound girl, to evoke the memory of a young deceased sister, Maria de la Concepción, whose death marked the definitive engagement of the young Picasso in the profession of painter.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://gradhiva.revues.org/1393