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Titre Le fakamisimisi de Futuna ou l'esthétique du travail quotidien
Auteur Adriano Favole
Mir@bel Revue Journal de la Société des Océanistes
Numéro no 122-123, 2006 Spécial Wallis-et-Futuna
Rubrique / Thématique
Dossier Wallis-et-Futuna
Page 123-139
Résumé Le but de cet article est d'examiner un genre inédit de la riche et vivante littérature orale futunienne : le fakamisimisi. Déclamé au cours des cérémonies redistributives appelées katoaga, le fakamisimisi est un texte qui présente de grandes difficultés de traduction et d'interprétation. À la différence des fakamatala, des mio¯ et d'autres genres de la littérature orale mieux connus, le fakamisimisi ne parle pas du passé pré-chrétien, de héros (to'a), de chefs (aliki) ou de divinités (atua). Il s'intéresse plutôt au travail quotidien des hommes et des femmes et aux produits de leur fatigue : les plantations de kava, d'ignames et de taros, l'élevage de cochons, etc., auxquels les différentes strophes sont dédiées. Récité par un aliki devant le mala'e du village recouvert de « biens » et de « richesses », le fakamisimisi se veut être une exaltation des produits du travail humain et des techniques permettant de les obtenir. À partir de la traduction et de l'interprétation d'un fakamisimisi composé et déclamé en 1997 à l'occasion d'un katoaga dans le village d'Ono (chefferie d'Alo), l'auteur réfléchit ici à la dimension esthétique (ou ethnoesthétique) des productions et des rites qui les célèbrent. Il avance la thèse selon laquelle l'importance de certains aspects de la coutume – tels les rites katoaga dans la société futunienne d'aujourd'hui – est à rechercher non seulement dans les « politiques de la tradition » et dans leur capacité de redistribuer les ressources et d'éviter l'apparition d'importantes inégalités sociales, mais aussi dans leur dimension esthétique et dans leur capacité de mise en valeur des techniques de production et des produits locaux vis-à-vis des marchandises du marché mondialisé.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The aim of this article is to analyse a text of the rich and lively oral tradition of East Futuna, which has never been the object of an anthropological or linguistic study: the fakamisimisi. This text is pronounced by a chief in the village plaza (mala'e) where local «richness» is displayed during the redistributive ceremonies named katoaga. Unlike mio¯, fakamatalaand other kinds of Futunan oral performances, the fakamisimisiis not dealing with heroes (to'a), chiefs (aliki) or divinities (atua) of the pre-christian past. It deals with the everyday work of men and women and with the products of this work: kava, yam, taro, pigs etc., which are the central topics of the different stanzas of the poem. Starting out with the translation and interpretation of a fakamisimisiperformed in October 1997 during a katoagain Ono village (chiefdom of Alo), this article reflects upon the aesthetic (or ethno-aesthetic) dimension of human production and of Polynesian redistributive rites. It shows that one has to understand the importance of particular aspects of the «kustom» – such as the contemporary katoagarites in Futuna – not only in the light of the «politics of tradition», or as an efforts to avoid the spread of social and economic inequalities, but as a mean to stress the value of local products and processes against the standardized goods and activities of the globalised market.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://jso.revues.org/593