Titre | Les relations hiérarchiques entre femmes dans le sud des Andes* | |
---|---|---|
Auteur | Margarita Huayhua | |
Revue | Droit et cultures | |
Numéro | no 72, septembre 2016 Les langues autochtones dans la cité | |
Rubrique / Thématique | Partie II : Autochtonie et modernité dans la ville |
|
Page | 109-126 | |
Résumé |
Dans la Cordillère des Andes, un grand nombre de personnes parlent des langues autochtones telles que le quechua (95% de la population rurale des hautes terres du Sud du Pérou). Dans ce contexte, lorsque le gouvernement et les responsables d'ONG parlent quechua, on considère que leur communication en sera facilitée avec les locuteurs dont le quechua est la première langue. Je me suis fondée sur les interactions entre les fonctionnaires du gouvernement et les villageoises d'une communauté du sud du Pérou pour affirmer que même lorsque ces fonctionnaires ou employés d'ONG parlent le quechua en langue seconde, la manière dont ils s'expriment dans cette langue renforce le sentiment de hiérarchie entre eux et les femmes dont le quechua est la première langue. En d'autres termes, les locuteurs bilingues, – femmes et hommes – perpétuent des formes de domination qui enferment les personnes dont la langue première est le quechua non seulement lorsqu'ils parlent espagnol mais également lorsqu'ils s'expriment en quechua. Ces formes de domination reproduisent le stéréotype des locuteurs de quechua en tant que personnes au comportement déviant dépourvues d'éthique sociale ainsi que des pré-requis pour mener une vie « moderne » ou « civilisée ». Ces formes de domination peuvent être perçues dans certains cas ou ne pas passer le seuil de l'entendement des participants, qu'ils soient monolingues ou bilingues. En bref, pour les employés du gouvernement ou des ONG, le fait de parler quechua en langue seconde ne réduit en rien la reproduction de stéréotypes de hiérarchie dans le contexte rural, car il est un produit de l'interaction en dépit des meilleures intentions (conscientes) de toutes les personnes concernées et des droits constitutionnels relatifs aux langues autochtones. Je tire des exemples d'interactions sociales dans les transports publics (un service dit combi), d'une étude en clinique et dans le cadre de foyers parlant quechua. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Résumé anglais |
In the Andes large numbers of people speak indigenous languages such as Quechua, spoken by approximately 95% of the rural population of the southern Peruvian highlands. In this context, when government and NGO officials speak Quechua it is assumed that their communication with first-language speakers of Quechua will improve. Drawing on interactions between government employees and village women in a community in southern Peru, I suggest that even when government and NGO employees speak Quechua as a second language, the way they use their language reinforces hierarchies between them and women who speak Quechua as a first language. In other words, bilingual speakers–women and men–perpetuate forms of domination that typecast Quechua-speaking people not only in Spanish, but also in Quechua. These forms of domination reproduce the stereotype of Quechua speakers as deviant, as people who lack social judgment, and who do not have the social requisites to live a «modern» or «civilized» life. These forms of domination can be conveyed above or below the threshold of awareness of the participants, regardless of whether they are bilingual or monolingual. To put it briefly, for government or NGO employees to speak Quechua as a second language does not in itself reduce the production of hierarchy in rural settings, because it is produced interactionally apart from the best (conscious) intentions of all concerned and the Constitutional rights to aboriginal languages. I draw examples from social interaction in public transportation (a combi service), a clinical setting, and Quechua-speaking households. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
|
Article en ligne | http://droitcultures.revues.org/3920 |