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Titre The development of ethnic identity and ethnic stereotypes on Papua New Guinea plantations.
Auteur Ann Chowning
Mir@bel Revue Journal de la Société des Océanistes
Numéro Tome 42, no 82-83, 1986 Les plantations dans le Pacifique Sud
Rubrique / Thématique
Articles
Page 153-162
Résumé La partie du monde qui comprend la Papouasie-Nouvelle-Guinée est réputée pour sa diversité linguistique. On peut supposer que la période précédant la pénétration européenne a connu une diversité culturelle au même degré. Celle-ci a été grandement réduite pendant les dernières décennies par une politique délibérée des missionnaires et des administrations éliminant des coutumes jugées choquantes, ainsi que par l'adoption volontaire d'objets et de pratiques d'origine étrangère que l'on plaça au-dessus de sa propre tradition. En même temps, pourtant, des sociétés voisines se sont amalgamées en groupements qui sont perçus comme partageant des traits qui distinguent leurs membres des gens appartenant à d'autres «entités ethniques». Cette unification résulta pour partie de l'établissement de frontières souvent artificielles par l'Administration coloniale et par les missions qui poussa les gens vivant à l'intérieur à se reconnaître une certaine identité en commun. Mais il semble qu'un facteur plus puissant en fut l'expérience de la plantation. Les recruteurs de main-d'œuvre et les gérants de plantations contribuèrent largement à ces regroupements inédits. Ils eurent tendance à élaborer des stéréotypes sur les gens de régions déterminées et leur décision de les recruter ou de les refuser en fut affectée. Les régions en question furent baptisées de noms qui s'étaient peut-être appliqués initialement à un lieu beaucoup plus petit. La pratique générale de faire cohabiter les hommes d'une même région et de les affecter à des tâches similaires renforça cette identité collective. Les oppositions traditionnelles entre villages disparurent souvent lorsque les recrues furent confrontées à des gens qui étaient très différents d'elles sur le plan culturel ou physique. L'équivalent du mot pidgin wantok (dérivé de « même langue »), désignant d'abord ceux qui avaient langue et culture en commun, fut étendu à tous ceux qui se ressemblaient davantage que les autres que ces situations nouvelles obligeaient à côtoyer. Les similitudes culturelles furent mises en relief et parfois supposées exister quand bien même elles étaient sans fondement. De même que les travailleurs en vinrent à éprouver un sens nouveau d'unité avec leurs anciens ennemis, de même ils reconnurent l'unité des groupes différant d'eux-mêmes et se trouvant sur la même plantation ou dans son voisinage. Les stéréotypes sur tels ou tels gens comprenaient non seulement des idées sur leurs pratiques culturelles mais aussi sur leur nature (salaces, agressifs ou impitoyables). Tous n'étaient pas négatifs, mais les plus usités l'étaient, et ils jouèrent ultérieurement un rôle dans l'histoire des relations inter-ethniques. Bien que l'expérience de la plantation fût la source d'amitiés durables par-dessus les barrières ethniques et contribuât à répandre idées et coutumes d'une culture à l'autre, l'apparition et le renforcement de barrières entre nouveaux regroupements de sociétés voisines furent des conséquences également importantes.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The region that includes Papua New Guinea is famous for linguistic diversity. For the period preceding European influence, it is probably safe to assume that this linguistic diversity was accompanied by an equal degree of cultural diversity. Much of this latter has been reduced in recent decades, both because of policies on the part of missionaries and government officials eliminating customs they found offensive, and because of the voluntary adoption of foreign items and customs considered superior to traditional ones. At the same time, however, neighboring societies have amalgamated themselves into groupings that are viewed as sharing features that distinguish their members from people belonging to other "ethnic units" within Papua New Guinea. Some of this amalgamation resulted from the often artificial boundaries employed by the colonial administration and by missions, which led those within their compass to accept a measure of common identity. It seems, however, that a more powerful factor was the plantation experience. Labor recruiters and plantation managers were responsible for a considerable part of the new groupings. They tended to develop stereotypes about people from particular regions, and these influenced decisions to seek them out or avoid recruiting them. The regions were labelled with terms, which might originally have applied to a small area. The common practice of housing together men from the same region and of assigning them to similar tasks led to further consolidation of a joint identification. Traditional antaganisms between villages often vanished when the recruits were confronted with people who were culturally, or physically, very different. The equivalent of the Pidgin term wantok (from "one talk"), originally designating those who shared a language and culture, was extended to those who were more similar than others encountered in the new surroundings. Cultural resemblances were stressed, and sometimes assumed to exist when they did not. Just as the workers developed a new sense of unity with their former enemies, they also accepted the essential unity of other groups working on the same plantation or living near it. Stereotypes about such and such people included not only ideas about their cultural practices but about their natures — as aggressive, oversexed, callous. The stereotypes were not all negative, but those most often mentioned were, and they played a part in the subsequent history of relations between ethnic groups. Although the plantation experience also produced lasting friendships across ethnic barriers, and although it was a factor in the spread of ideas and customs between cultures, the raising and firming of barriers between new groupings of neighboring societies has been an equally important consequence.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/doc/jso_0300-953x_1986_num_42_82_2829