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Titre Le « Commentaire des Psaumes » de Diodore de Tarse et l'exégèse antique du Psaume 109/110 (premier article)
Auteur M.-J. Rondeau
Mir@bel Revue Revue de l'histoire des religions
Numéro tome 176, n°1, 1969
Page 5-33
Résumé Un commentaire des Psaumes inédit a, jadis, été revendiqué pour Diodore de Tarse par L. Mariés. Cette attribution a été contestée par M. Jugie, sous prétexte qu'au Psaume 109 apparaissaient des formules christologiques trop orthodoxes pour être de cet auteur, père présumé du nestorianisme. Mais si l'on sait l'histoire de l'exégèse du Psaume 109, versets 1 el 3, jusqu'au Ve siècle, on s'aperçoit que ces versets, susceptibles d'interprétations el d'utilisations variées aux IIe-IIIe siècles, ont joué un rôle important dans les querelles dogmatiques du IVe siècle, et qu'ils ont été sollicités pour étayer les thèses des arianisants (Eusèbe, Astérius) d'une part, de Marcel d'Ancyre de l'autre. Or, ces exégèses erronées, symétriques, contre lesquelles l'auteur du commentaire affirme d'emblée vouloir réagir, acculaient celui-ci à une position d'équilibre, même si en fait il n'adopte pas exactement l'exégèse des nicéens el des cappadociens. La nécessité de se garder du côté de Marcel l'obligeait notamment à soutenir une christologie très unitive. D'où, sans doute, les formules si peu « antiochiennes » de sa christologie au Psaume 109. Au reste, les commentateurs antiochiens de ce Psaume à la fin du IVe siècle et au début du Ve, Chrysostome, Jérôme, Julien d'Eclane, Théodoret, tracent tous leur voie, de façon plus ou moins explicite, entre les deux écueils de l'arianisme et du néo-modalisme. Cela tend à confirmer que l'attitude de notre commentateur lui a été dictée par des traditions polémiques alors attachées au Psaume 109. Par ailleurs, les formules christologiques qu'il emploie sont très proches du second article du "Credo" d'Antioche et trouvent des échos immédiats dans les "Homélies catéchétiques" de Théodore de Mopsueste. Enfin, les fragments du Traité contre les Synousiastes ne permettent pas de conclure aussi nettement qu'on l'a dit au « nestorianisme » de Diodore ; en outre, ils sont peut-être un indice des positions christologiques de Diodore à partir de la crise apollinariste, mais non avant. Aucune objection d'ordre théologique ne s'oppose donc à la paternité diodorienne de ce commentaire des Psaumes.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1969_num_176_1_9486