Titre | Forces centripète et centrifuge. Autour du complément circonstanciel dans dans la grammaire « traditionnelle » de la première moitié du XXe siècle | |
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Auteur | Peter Lauwers | |
Revue | Travaux de linguistique | |
Numéro | no 44, 2002 La préposition (suite) | |
Rubrique / Thématique | II. HORS THÈME |
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Page | 115-142 | |
Résumé |
Dans cette contribution nous esquissons le sort du complément circonstanciel dans la grammaire française de la première moitié du XXe siècle en identifiant les facteurs qui ont déterminé son analyse.
En empruntant une image à la physique, on peut dire que l'histoire de la notion de complément circonstanciel ressemble à un jeu de forces où interviennent des forces centripètes et centrifuges. En effet, le circonstanciel a tantôt été rapproché des fonctions « centrales » (par rapport au verbe-prédicat), tantôt éloigné du verbe-prédicat, au point d'être situé à la périphérie de la proposition, pour ne pas dire « hors proposition ».
Le critère syntaxique [± essentiel] qui sous-tend le mouvement centripète (le cc est essentiel, tout comme le complément d'objet), et, qui, de nos jours, culmine dans l'application du modèle valenciel, a cependant été entravé par le poids du contenu (sémantique et informatif/stylistique) dans l'analyse traditionnelle, un facteur qui avait favorisé un mouvement centripète antérieur. Vers la même époque, la grammaire traditionnelle est en passe de reconnaître les compléments (ou adverbes) de phrase, ce qui annonce le mouvement centrifuge qui a mené à la fragmentarisation de la classe des circonstants en fonction du critère de la portée. Si ce changement ne mène pas d'emblée à l'éclatement de la classe, c'est en partie parce que les adverbes (en emploi circonstanciel) et les compléments circonstanciels (= la fonction syntaxique) étaient souvent dissociés. Ce constat étrange s'explique par une conception purement nominale du complément, qui a partie liée avec la distinction sémantico-logique entre détermination et identité et qui s'inscrit dans une tradition grammaticale dominée par ce que nous avons appelé une approche catégorielle et ascendante (bottom-up) des fonctions syntaxiques. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In this contribution, I sketch the destiny of the complément circonstanciel (adverbial constituents) by identifying the factors that have determined its analysis in French grammar during the first half of the 20th century.
Borrowing an image from physics, one can say that the history of the notion of complément circonstanciel resembles a combined action of centripetal and centrifugal forces. The adverbials have, on the one hand, been linked with the central syntactic functions (in relation to the verbal predicate), and on the other hand, they have been separated from the predicate and situated at the periphery of the clause, if not « outside the clause ».
The syntactic criterion [± essential] which forms the basis of the centripetal movement (adverbials are essential just like objects) has nowadays culminated in the application of the valency model. This criterion has, however, been counteracted by the weight of (semantic and informative/stylistic) content in the traditional analysis, a factor which had supported a former centripetal movement. At the same time, traditional grammar was close to recognizing clause-modifying adverbial constituents (or clausal adverbs). This announces the centrifugal movement which has led to the fragmentation of the unitary class of compléments circonstanciels on the basis of the criterion of scope. If this change of perspective did not lead immediately to splitting of the class, this is partly due to the fact that adverbs (in ‘circumstantial' use) and adverbial constituents (= the syntactic function) are frequently dissociated. This can be explained by a traditional purely nominal conception of the complément. This conception is linked to the semantic/logical distinction between détermination and identité and can be related to the larger frame of French traditional grammar, which adheres to what I have called a categorial bottom-up approach of syntactic function. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=TL_044_0115 |