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Titre L'économie comme science et les jugements de valeur politiques : Myrdal et sa thèse initiale de neutralité
Auteur Nicolas Barbaroux, Michel Bellet
Mir@bel Revue Revue économique
Numéro vol. 68, no 2, mars 2017
Page 219-247
Résumé La thèse méthodologique initiale de Gunnar Myrdal, qui structure en particulier son ouvrage critique de 1930, est méconnue, au profit d'une thèse ultérieure qui avance que la théorie économique est irradiée dans son intégralité par les jugements de valeur (non-neutralité stricte). Cette première thèse, dite de neutralité entre science et jugements de valeur, semble proche de celle de Lionel Robbins et paraît contradictoire avec l'engagement politique de Myrdal et avec son intérêt pour la légitimation de politiques budgétaires et monétaires au cours des années 1930 et 1940. Elle est liée à l'influence de la philosophie suédoise d'Axel Hägerström, qui apparaît comme un type spécifique de néopositivisme. Pour autant, l'usage de cette philosophie, avec ses implications méthodologiques, conduit au contraire Myrdal à fonder le lien entre économie et politique, et ainsi à créer une connexion relative entre science et interventions pratiques incorporant fatalement des jugements de valeur, à l'aide de ce qu'il appelle une technologie de l'économie. Malgré un certain nombre de difficultés, Myrdal va tenir cette ligne jusqu'à, progressivement, adopter une thèse de non-neutralité, dominante dans les années 1940 et souvent associée alors à un type d'institutionnalisme. Le contenu de la première phase myrdalienne, revendiquant une thèse non cognitiviste et une thèse émotiviste, avec un rôle reconnu aux intérêts des groupes sociaux et aux pouvoirs, est donc ici particulièrement analysé. Cet examen permet de donner un sens nouveau à l'évolution des positions de Myrdal et de rapprocher le Myrdal perçu du Myrdal effectif, en avançant l'hypothèse d'un passage d'une position de faible neutralité à une position ambiguë proche de la faible non-neutralité.Classification JEL : B4, B2.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Economics as science and political value judgments
The methodological thesis presented in Gunnar Myrdal's 1930 book is unrecognized, unlike his well-known later thesis that argues economic theory incorporates value judgments (strong non-neutrality position). The former thesis seems close to Lionel Robbins' famous analysis (1932) because a neutrality position is claimed. Its foundations are rooted in Axel Hägerström's Swedish philosophy, with non-cognitivism and emotivism hypotheses. Myrdal uses this philosophy to separate economic science and political value judgments incorporated in practical economic policies. However from this free-value science, he proposes to legitimate a scientific intervention in practical views with an intermediate “technology of economics” which would study the different complexes of emotions, interests and institutional set-ups in relation with value judgments. The presentation of Myrdal's initial position opens up some new hypotheses concerning the evolution of his interpretation (from weak neutrality to ambiguous weak non-neutrality).
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RECO_682_0219