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Titre Une exception d'irresponsabilité ?
Auteur Gilles Bastin
Mir@bel Revue Questions de communication
Numéro no 13, 2008 La responsabilité collective dans la presse
Rubrique / Thématique
Dossier. La responsabilité collective dans la presse
Page 89-107
Résumé L'absence de lieux véritables de la discussion déontologique dans la profession journalistique en France conduit souvent ce débat à se faire sur un mode répétitif dans les médias eux-mêmes. L'affaire dite d'Outreau fut l'occasion d'un tel débat au début des années 2000. Dans cette contribution, son analyse est menée en deux temps. Le retour sur le traitement médiatique de l'affaire elle-même permet d'abord d'identifier un phénomène d'asymétrie entre les logiques d'anonymisation de la parole journalistique qui sont au coeur des comptes rendus médiatiques de l'enquête judiciaire et, a contrario, la très forte nomination et responsabilisation, dans ces mêmes articles, des personnes suspectées. Une analyse de cooccurrences menée sur un corpus d'articles traitant des rapports entre les médias et l'affaire montre ensuite que deux usages sémantiques permettent de garantir aux journalistes une forme d'exception d'irresponsabilité dans le fonctionnement de l'affaire : ceux des termes « médias » et « emballement » qui fonctionnent comme deux écrans interdisant toute imputation individuelle de responsabilité d'un côté et diluant celle-ci dans une psychologie mécanique et archaïque de l'autre.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Due to a lack of institutionalized ethical discussion within the journalistic profession in France, debates on that matter often occur, in a repetitive manner, in the media themselves. The Outreau Affair caused such a debate at the beginning of the years 2000. This paper aims at better understanding such processes by providing an analysis of the media coverage of this affair using textual statistics on two different sets of stories. We are able to state firstly that, in stories about the affair itself, journalistic anonymity strongly contrasts with the tendency to bypass the law by giving the names of the people involved and secondly that, in stories about the role played by journalists during the affair, two very convenient semantic practices allow journalists not to face their own responsibility: the use of “media” and “media frenzy” that refer to very vague and both mechanical and psychological processes instead of precisely trying to elucidate individual journalists' responsibilities.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://questionsdecommunication.revues.org/1703