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Titre L'interdisciplinarité n'existe pas
Auteur Jérôme Bourdon
Mir@bel Revue Questions de communication
Numéro no 19, 2011 Annoncer la mort
Rubrique / Thématique
Echanges
Page 155-170
Résumé L'interdisciplinarité est une notion d'apparence sympathique, brandie fréquemment comme un fétiche d'ambition scientifique, de surcroît appréciée des autorités universitaires et des agences qui donnent des crédits. Pourtant, pour parler d'interdisciplinarité, il faudrait que nous disposions de disciplines clairement définies. Or, nous n'avons aucun critère clair de ce qui constitue une discipline (la tension entre le domaine social considéré – avec les aléas historiques et épistémologiques du découpage) est insoluble. Les disciplines sont souvent des conglomérats d'intérêts instables, ayant eux-mêmes grand besoin de dialogue intra-disciplinaire. De plus, les luttes de pouvoir entre disciplines sont légion ; elles considèrent volontiers leurs rivales comme des « préalables » ou des « sciences auxiliaires » pour leur propre travail. On pourrait, à la rigueur, parler de petite interdisciplinarité, ou plus modestement, d'interméthodologie, comme objectif souhaitable (et souvent nécessaire au sein d'une discipline donnée). Ce sont des méthodologies que nous combinons avec fruit, et cela au sein d'une discipline spécifique. Abandonnons donc l'interdisciplinarité, concept qui ne sert qu'à lutter et/ou qu'à obscurcir (au mieux, à décrocher des crédits de recherche).
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais “Interdisciplinarity” is, at face value, a sympathetic notion, smacking of scientific ambition, appreciated by universities managers and providers of grants. We should be wary of it. First, we have no clear definition of the “disciplines”, between which we need to connect. We still do not know whether a discipline is mostly about area(s) of social life and time, method(s), or set(s) of basic concepts. Seen from inside, many disciplines, and communication studies in particular, look like loose mixtures of all these ingredients, created for reason of convenience, and badly in need of intradisciplinarity. In addition, relations between disciplines are mostly about power, not collaboration. Many disciplines treat their neighbours as mere “prerequisites” or, even worst, “auxiliary sciences”, for the “real work” they have to do. It would be better, and more modest, to talk about intermethodology: we do combine methodologies fruitfully, for specific projects, although this often happens within a single discipline. We could well do without the notion of interdisciplinarity, which obscures debates and hides competitions and struggles between so-called disciplines, is at best useful for grant-hunting, but not much more.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://questionsdecommunication.revues.org/2652