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Titre Faire parler le parlement comme le Prince ?
Auteur Philippe Caron
Mir@bel Revue Histoire, Epistémologie, Langage
Numéro vol.24, n°2, 2002 Politiques linguistiques (1/2)
Rubrique / Thématique
Politiques linguistiques (1/2)
 Articles
Page 29-50
Résumé En dehors du Dictionnaire qui justifie son existence aux yeux des profanes, l'Académie française a produit sous son nom plusieurs recueils d'observations normatives de 1635 à 1720. Certains ont été publiés, d'autres non. Cet article montre comment, dans les premières décennies, elle cherche le style de son rôle. En effet, chargée par l'alter ego du Prince d'édicter un bien-dire royal, c'est-à-dire d'exercer une sorte de magistère linguistique, elle ne se sent pas vraiment à l'aise dans ce type de fonction. C'est ainsi qu'elle passe graduellement d'un style délibératif et collégial, qui n'exclut nullement l'expression de la pluralité des suffrages, à un ton plus impersonnel, plus régalien, c'est-àdire qui expurge toute trace de débat, tout ce qui rappellerait au lecteur la relativité de l'avis et la provenance empirique de la décision. Ce n'est donc que peu à peu que, des Sentimens sur le Cid (1638) aux Remarques sur le Quinte-Curce et Athalie (1719-1720), en passant par ses annotations sur les Remarques de Vaugelas (1704), elle s'installe dans la chaire que lui avait assignée son protecteur le cardinal de Richelieu. En somme le parlement finit par parler comme le Prince.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais While the Académie Française justified its existence by the production of its Dictionary, it produced at the same time several collections of normative observations, some published, others not. In the first decades of its existence, the Académie was unsure of how to express itself in this role. When Richelieu asked them to establish a single, royally sanctioned norm for language, the Académie felt ill at ease. At first cautious in its pronouncements, and open about differences of opinion within the Company, the Académie gradually grew more confident, and took on an impersonal, royal tone, that excluded any mention of dissent. Little by little, from the Sentimens sur le Cid (1638) to the annotations to the Remarques by Vaugelas (1704), and the Remarques sur le Quinte-Curce et Athalie (1719-1720), the Académie grew more comfortable in its role, and began to speak with the same authority as the Bourbon monarchy.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2002_num_24_2_2171