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Titre ‪Figures du féminin dans les récits de Thomas Mann jusqu'en 1912‪
Auteur Maurice Godé
Mir@bel Revue Germanica
Numéro no 60, 2017 Thomas Mann au tournant du siècle
Page 135-152
Résumé Les premiers récits de Thomas Mann mettent en scène des femmes infidèles, sans cœur et sans cervelle, qui usent de leur pouvoir de séduction pour asservir les hommes. « [La sexualité] est le poison à l'affût dans toute beauté », confie le jeune Thomas Mann à l'ami Grautoff. À partir du Petit Monsieur Friedemann (Der kleine Herr Friedemann, 1886), il met en œuvre des « masques discrets » (caricature, autodérision notamment) qui lui permettent de prendre une certaine distance par rapport à ses phobies. Par le personnage du bajazzo, il prend conscience des rapports étroits existant entre le manque de confiance en soi, le désir qui porte vers la beauté et la haine inspirée par les gens heureux. D'autres récits montrent que la femme peut, elle aussi, être victime de rapports de pouvoir : le baron Harry dans Un bonheur (Ein Glück) n'est pas moins brutal qu'Amra Jacoby dans Petite Louise (Luischen). Enfin, la dimension homoérotique présente dans certains récits – en premier lieu La Mort à Venise (Der Tod in Venedig) – contribue à relativiser les différences entre les sexes. La passion amoureuse est l'irruption de forces incontrôlables, un cataclysme (« Heimsuchung ») contre lequel Gustav von Aschenbach et le petit Monsieur Friedemann sont aussi démunis que – dans Joseph en Egypte (1936) – Mut-em-enet, l'épouse de Potiphar, tombée éperdument amoureuse de Joseph. Le « bonheur discipliné » attendu du mariage n'est jamais assuré.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Thomas Mann's early narratives present faithless, heartless, brainless women who use their power of seduction to enslave men. ‘(Sex) is the poison menacing every beauty', confides young Thomas Mann in his friend Grautoff. From Little Mr Friedemann (1886), he makes use of masks (caricature, self derision et alia) which allow him to take some distance from his phobias. With the bajazoo character, he becomes aware of the tight links existing between the lack of self-confidence, craving for beauty, hatred inspired by happy people. Other writings show that woman can also be the victim of power relations: Baron Harry in Ein Glück (A Happiness) is no less brutal than Amra Jacoby in Luischen. Besides, the homoerotic dimension of some narratives – to start with Death in Venice – serves to relativize the differences between sexes. In all cases, love passion proves a cataclysm, with the irruption of uncontrollable forces against which Gustav von Aschenbach and little Mr. Friedemann are as helpless as Mut-em-enet, the wife of Potiphar madly in love with Joseph. The “disciplined happiness” that seems to be the promise of marriage is never totally ensured.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GERMA_060_0135