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Titre Pouvoirs informels et réseaux familiaux dans les campagnes européennes au XVIème siècle
Auteur Hugues Neveux
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 96, no. 1, 1993 Esprits d'État
Page 67-79
Résumé Pouvoirs informels et réseaux familiaux dans les campagnes européennes au XVIe siècle Les chercheurs ont, ces dernières décennies, beaucoup développé le thème du pouvoir-domination, et certains en ont fait un mode d'explication ultime et décisif. Dans la lignée de travaux de philosophes ou d'historiens comme ceux de Hannah Arendt, de Peter Blicke ou de Giovanni Levi, cet article essaie de faire apparaître le caractère réducteur d'un tel point de vue en montrant que, jusque dans les milieux apparemment les plus dépendants, se développent des stratégies qui tendent à assurer aux familles une sphère d'autonomie plus ou moins large leur permettant de résister aux pressions extérieures, et même parfois de prendre l'offensive. S'appuyant sur des études portant sur le Royaume de Naples et la région parisienne au XVIe siècle, il s'efforce de comprendre et d'analyser les comportements de simples paysans européens qui, à travers la constitution de réseaux familiaux solides et la pratique d'échanges matrimoniaux compliqués (dont les formes varient en chaque cas suivant les coutumes, les contraintes économiques et les représentations qu'ils ont de l'honorabilité) visent tous à maintenir et si possible à améliorer la position sociale de leurs descendants. Il apparaît ainsi que les paysans, du moins ceux qui le peuvent, loin de ne faire que se soumettre ou réagir aux initiatives des classes "dirigeantes", sont également capables, depuis fort longtemps, de concevoir des stratégies et des tactiques sociales sophistiquées et souvent efficaces.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Informal Powers and Family Networks In the last few decades researchers have considerably developed the theme of power-as-domination, and some have made it an ultimate and decisive mode of explanation. Pursuing the arguments of philosophers and historians such as Hannah Arendt, Peter Blicke and Giovanni Levi, this article aims to demonstrate the reductive character of such a viewpoint by showing that even in the apparently most dependent milieux, strategies develop which tend to provide families with a sphere of autonomy, of varying size, enabling them to resist external pressures and even sometimes to go onto the offensive. Drawing on studies of the Kingdom of Naples and the Paris region in the l6th century, it seeks to understand and analyse the behaviour of ordinary European peasants who, by constituting solid family networks and observing complicated matrimonial exchanges (the forms of which vary in each case according to local customs, economic constraints and their particular conceptions of honour) are all aimed at maintaining and if possible improving the social position of their descendants. It becomes clear that the peasants, or at least those who are able to do so, far from simply submitting or reacting to the initiatives of the "ruling" classes, have, for a very long time, also been capable of devising sophisticated and often effective social strategies and tactics.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1993_num_96_1_3042