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Titre La bouche et le ventre de Paris
Auteur Laurent Vissière
Mir@bel Revue Histoire urbaine
Numéro no 16, juillet 2006 Consommer en ville au Moyen-Âge
Rubrique / Thématique
Consommer en ville au Moyen-Âge
Page 71-89
Résumé La ville médiévale est un microcosme bruyant, et l'on s'intéresse de plus en plus à ce que l'on a appelé son «paysage sonore». Car la vie urbaine est rythmée par un certain nombre de bruits plus ou moins spécifiques: les cloches, bien sûr, mais aussi les criées publiques et les embarras de la rue. Ces phénomènes se retrouvent partout de manière similaire, mais il faut donner une place particulière aux cris des petits métiers ambulants. Bien que ceux-ci soient communs à toutes les villes de l'Occident, ceux de Paris ont occupé très tôt, dès le XIIIe siècle, une place extraordinaire, tant dans la vie quotidienne que dans l'imaginaire collectif. Le cri de Paris devient en effet à cette époque motif littéraire – le cri s'intègre aux dits et aux farces –, mais, également sujet littéraire et artistique: poètes, chansonniers et graveurs les prennent pour thème. Ce thème connaîtra ensuite, en France et en Europe, une diffusion tout à fait étonnante jusqu'au XXe siècle. L'étude de ces textes pose différents problèmes: les cris de Paris doivent être considérés comme un genre littéraire à part entière, mais ils offrent aussi un éclairage direct sur la vie quotidienne de la capitale (et pas seulement sur celle du petit peuple). Or on a toujours eu tendance à les considérer, littérairement et historiquement, comme des témoignages amusants certes, mais anecdotiques, voire folkloriques. La finalité et le public de ces documents sont d'ailleurs problématiques, mais dès le XVIe siècle, ils sont souvent mis en rapport avec les premiers guides de la capitale, dont ils complètent la description – voire le portrait. Ne voir en eux que moqueries ou dérision du petit peuple semble bien hasardeux.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The mouth and stomach of Paris The medieval town was a noisy microcosm, and its «sound landscape» is attracting growing interest. Urban life in the Middle Ages was regulated by a number of sounds that were more or less particular to towns: not only bells, but also the noise from public markets and the background noise from the streets. Of particular interest are the cries of the small peddlers who were to be found in all Western towns. By the thirteenth century, the cries of Parisian peddlers already held an unusual place in the daily life as well as in the collective imagination. In that period the Cries of Paris became an artistic theme: they were an integral part of Dits and farces, and were the subject of popular literature. This theme, which is to be found in poetry, in music and later in engraved pictures, was to enjoy a surprising success in France and in Europe as a whole until the twentieth century. The study of the texts of the Cries of Paris raises, however, a number of issues: they were a literary genre, but they also illuminate some aspects of daily life in the capital (and not only that of the more modest section of the population), and there has always been a tendency to consider them, whether in literary, artistic or historical studies, as amusing but anecdotal testimony, part of the folklore. It seems essential to go beyond this reductive vision, and to try to understand in which context these pieces were written, with what aim in mind and for which public: for instance, they are often found together with the first guidebooks of the capital, whose description they completed.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHU_016_0071