Contenu de l'article

Titre ‪Deux contes du théâtre d'ombres‪ : à propos du Montreur d'ombres d'Arthur Robison (1923)
Auteur Tamara Eble
Mir@bel Revue Germanica
Numéro no 61, 2017 Le conte comme esthétique et stratégie du détour dans la littérature et le cinéma
Page 73-87
Résumé Cet article se propose de dégager le double enjeu esthétique et narratif du détour par le conte dans le chef-d'œuvre d'onirisme Le Montreur d'ombres (Schatten – Eine nächtliche Halluzination, 1923) d'Arthur Robison, apogée de la mise en scène des ombres dans le cinéma fantastique de la République de Weimar. La séquence centrale repose sur deux contes emboîtés, racontés par un illusionniste afin d'empêcher le drame qu'il pressent entre les convives d'un dîner, au moment où les tensions atteignent leur paroxysme. Le premier est un conte en ombres chinoises qui met en scène un triangle amoureux, reflet métaphorique de la relation entre le comte, son épouse et l'un de leurs invités. Le deuxième conte est une amplification du premier au cours duquel les ombres des convives sont désolidarisées des corps par l'illusionniste. Devenues autonomes, elles vivent les désirs érotiques latents de leurs propriétaires, jusqu'à l'éclatement de violence final. Associée à l'esthétique de la suggestion élaborée au sein des contes par le recours aux ombres, silhouettes et reflets, la stratégie narrative du détour par le récit à tiroirs sous forme de contes met en place une distanciation qui permet de confronter les protagonistes à l'indicible. Au sein du film, le conte central cristallise le sentiment de terreur intime face à une image dérangeante de soi, mais revêt par là même une fonction thérapeutique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This paper focuses on the tale as both an aesthetic and a narrative strategy of detour in Arthur Robison's dreamlike masterpiece Warning Shadows (Schatten – eine nächtliche Halluzination, 1923), in which the use of highly contrasting shadows that contributed to the reputation of Weimar cinema reaches its peak. The film's structure is that of a frame story and its central part consists of a tale within a tale. These two tales are told by a shadow puppeteer who wants to prevent a tragic turn of events: as a character of the frame tale, he senses the impending danger of the conflicts that exist between the participants of a dinner and tries to cut them short. First, he tells a fairy tale in the fashion of chinese shadow puppetry. Being a love triangle, it's a metaphoric reflection of the relationship between the count, his wife and her admirer. Then, the illusionist frees the participant's shadows from their bodies and turns them into the protagonists of the second tale, thus amplifying the meaning of the first one. The shadows fullfill the subconscious erotic desirs of their owners, leading to an indescribable outburst of violence. In association with the aesthetics of suggestion (which uses shadows and mirror reflections even within the nested tales), the strategy of detour through the framed tales gives the characters the distance they need in order to face the unspeakable. By bringing them face to face with a disturbing image of themselves, the tales take on a therapeutic function.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GERMA_061_0073