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Titre Les rebelles syriens d'Ahrar al-Sham : ressorts contextuels et organisationnels d'une déradicalisation en temps de guerre civile
Auteur Ahmad Abazeid, Thomas Pierret
Mir@bel Revue Critique internationale
Numéro no 78, janvier-mars 2018 Avec ou sans les Frères. Les islamistes arabes face à la résilience autoritaire
Rubrique / Thématique
Thema : Avec ou sans les Frères. Les islamistes arabes face à la résilience autoritaire
Page 63-84
Résumé Issu de la mouvance jihadiste, le groupe rebelle syrien Ahrar al-Sham a opéré depuis sa création en 2011 un mouvement de déradicalisation idéologique. Cette mue, parachevée en 2017 avec l'adoption officielle du drapeau national syrien, s'est traduite par une posture « révisionniste » du groupe qui l'a graduellement éloigné des factions les plus radicales et rapproché du courant dominant révolutionnaire. Cette trajectoire peut être lue à la lumière de facteurs contextuels, en l'occurrence l'influence des États sponsors de l'insurrection syrienne et l'émergence en 2011 d'un projet de révolution populaire opposant une option idéologique crédible au projet jihadiste. Toutefois, la réponse d'Ahrar al-Sham à ces stimuli externes ne peut se comprendre qu'à travers ses ressorts organisationnels, c'est-à-dire un sevrage précoce vis-à-vis des réseaux jihadistes transnationaux et la mise en place d'une structure décisionnelle collégiale qui a permis la consolidation de l'aile réformiste du groupe aux dépens de sa rivale doctrinaire. Cette étude d'un processus de déradicalisation en temps de guerre civile entend enrichir la réflexion sur les dynamiques de modération des groupes islamistes, essentiellement étudiées jusqu'ici dans des contextes de paix ou d'adieux aux armes. Elle contribue également à une prise en compte des mécanismes de transformation idéologique des groupes armés non étatiques, question largement délaissée par les travaux théoriques sur les guerres civiles.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Syrian Rebels of Ahrar al-Sham: Contextual and Organizational Motors of Deradicalization in a Time of Civil War Originating in the jihadist movement, the Syrian rebel group Ahrar al-Sham has since its creation in 2011 pursued a path of ideological deradicalization. Reaching completion in 2017 when the group officially adopted the Syrian national flag, this transformation is reflected in its adoption of a “revisionist” stance that gradually distanced it from the most radical factions and drew it closer to the dominant revolutionary movement. This trajectory may be interpreted in the light of contextual factors – specifically, the influence wielded by state sponsors of the Syrian uprising and the 2011 emergence of a popular revolutionary project presenting a credible ideological alternative to that of the jihadists. Yet the response of Ahrar al-Sham to these external stimuli can only be understood by reference to its organizational dynamics – that is, its precocious decision to break with transnational jihadi networks and the establishment of a collegial decision-making structure that allowed the group's reformist wing to consolidate itself at the expense of its doctrinaire rival. This study of the deradicalization process in a context of civil war seeks to contribute to discussions of the dynamics of moderation among Islamist groups, which have hitherto mainly been studied in peacetime or end-of-conflict contexts. It also contributes to our understanding of the mechanisms of ideological transformation among non-state armed groups, a question broadly neglected by theoretical work on civil wars.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CRII_078_0063