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Titre Image du globe/image de soi : la pratique du selfie comme s(t)imulation géographique
Auteur Nicolas Leresche
Mir@bel Revue Annales de géographie
Numéro no 719, 2018/1
Rubrique / Thématique
Articles
Page 59-77
Résumé Bien que conceptuellement et empiriquement la rotondité de la Terre ne fît plus aucun doute depuis longtemps, la photographie aérienne transforma fondamentalement les représentations du monde. Permettant pour la première fois de voir la Terre dans sa totalité, les prises de vues à la verticale contribuèrent à forger une nouvelle conscience environnementale globale. Ce que Denis Cosgrove qualifiait à ce propos de « nouvelles spatialités globales » représente également de nouvelles modalités de subjectivation. C'est ainsi qu'en 2014 à l'occasion de la journée de la Terre, la NASA, diffusa une image du globe composée de dizaines de milliers de selfies envoyés par les internautes. En combinant les deux pratiques paradigmatiques qui bornent le champ d'exploration proprement géographique (la représentation du globe terrestre et le selfie), la NASA illustre ainsi parfaitement l'idée d'une Terre universelle, partout habitable et habitée. À partir de ces éléments, cet article revient à la fois sur les liens historiques qui unissent la photographie à la géographie, et sur ce que je qualifierai de savoir-faire géographique vernaculaire : la pratique du selfie. Il s'agira alors de montrer comment l'image produite par la NASA s'inscrit dans le nouvel idéal de subjectivation qui fait de l'objet Terre une forme de souverain auquel chacun est appelé à s'identifier.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Although conceptually and empirically the rounded form of the Earth's was no longer in doubt, aerial photography fundamentally transformed the representations of the world. The vertical shots produced for the first time allowed the Earth to be seen in its entirety and helped to forge a new global environmental consciousness. What Denis Cosgrove called "new global spatialities" also represents new modalities of subjectification. With this in mind and to celebrate the Earth Day in 2014, NASA broadcasted an image of the globe made up of tens of thousands of selfies sent by Internet users. By combining the two paradigmatic practices that delimit the field of geographical exploration (representation of the terrestrial globe and selfie), NASA perfectly illustrates the idea of ​​a universal Earth, everywhere habitable and inhabited. On the basis of these elements, this article revisits both the historical links between photography and geography and what I would call vernacular geographical knowledge: the practice of taking selfies. It will then be necessary to show how the image produced by NASA is part of the new ideal of subjectification which makes the Earth object a kind of sovereign everyone is called upon to identify with.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AG_719_0059