Titre | Les « mobilités inversées » comme clé de lecture de la dépendance dans les territoires de montagne | |
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Auteur | Florent Cholat | |
Revue | Pour : enquêtes et témoignages | |
Numéro | no 233, septembre 2018 Vieillir actifs à la campagne | |
Rubrique / Thématique | Dossier - Vieillir actifs à la campagne |
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Page | 97-101 | |
Résumé |
La ville et les territoires modernes se sont structurés par et pour les mobilités. L'étalement des activités induites par la vitesse croissante des modes de transport a permis d'étirer les espaces des territoires (Zahavi, 1974). Les conséquences sont une distance croissante entre lieu d'habitation, de consommation, de travail, de socialisation et de loisir qui amène elle-même à une forte dépendance aux mobilités motorisées et à l'automobile (Kaufman, Guidez, 1998). Les modes actifs ne sont plus suffisants et les offres de mobilités se multiplient. Cependant, les individus ne sont pas tous égaux au regard des mobilités. La mobilité dépend des aptitudes psychologiques, cognitives et culturelles à se mouvoir. Chaque individu présente un potentiel de mobilité propre que Vincent Kaufmann (2002) propose d'appeler « motilité ».Les jeunes enfants et les aînés les plus âgés ont en commun d'avoir une motilité plus faible que la moyenne de la population. Les premiers parce qu'ils sont en apprentissage de la marche, des transports et qu'ils ne peuvent donc pas bénéficier de l'autonomie nécessaire pour se déplacer seuls. Les seconds parce qu'avec le vieillissement vient un affaiblissement des fonctions physiques et cognitives qui limite les capacités à se mouvoir de manière autonome et les capacités à se saisir des différents modes de transport, notamment l'automobile.Dès lors, pour effectuer les tâches de la vie quotidienne, pour se socialiser ou encore pour consommer, les individus dépendants doivent soit être accompagnés dans leurs mobilités soit à l'inverse il faut que les biens, les services ou encore les personnes viennent à eux. Dans le premier cas, l'accompagnement d'une tierce personne pour les déplacements répond aux mêmes critères de « motilité » puisque le déplacement prendra en compte les aptitudes psychologiques, cognitives et culturelles à se mouvoir de ce « couple de mobilité » que représentent la personne dépendante et son accompagnateur. Dans le deuxième cas, l'appareillage théorique de la « motilité » (Kaufmann, 2002) n'est pas suffisant pour saisir la complexité d'une mobilité que nous appellerons « mobilités inversées » (Cholat, 2013) et qui, si elle intègre la notion de la motilité des aidants, traite également des questions de mobilités logistiques induites par la personne en perte d'autonomie.Cet article propose de détailler cette notion de mobilités inversées à l'aune d'un territoire contraint, la montagne, et d'une population, les personnes âgées dépendantes, notion particulièrement pertinente pour la comprendre. Nous évoquerons alors les impacts sociaux, économiques et environnementaux positifs et négatifs de ces mobilités sur les territoires et nous vous inviterons à généraliser et à réfléchir la place de ces mouvements que nous générons dans notre quotidien et dans des contextes urbains comme ruraux. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POUR_233_0097 |