Titre | Un bureau derrière les barreaux. Travail relationnel et pouvoir discrétionnaire dans les audiences pénitentiaires | |
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Auteur | Corentin Durand | |
Revue | Sociologie du travail | |
Numéro | vol.60, no 3, juillet-septembre 2018 Prix du jeune auteur 2017 | |
Rubrique / Thématique | Prix du jeune auteur |
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Résumé |
La sociologie carcérale a documenté la place centrale des négociations informelles et interpersonnelles entre prisonniers et surveillants pénitentiaires, dans une institution de contrainte largement bureaucratisée. Cet article entend enrichir la compréhension de la place de la communication en prison en rendant compte des échanges entre prisonniers et une catégorie peu étudiée des professionnels, l'encadrement pénitentiaire de proximité. Contrairement aux agents de première ligne, ces « gradés » pénitentiaires détiennent un pouvoir largement discrétionnaire sur les enjeux quotidiens de la vie en détention. En étudiant plus particulièrement les « audiences », entretiens interpersonnels en face à face, l'analyse souligne le travail relationnel réciproque qui s'y déploie. Au-delà de simples transactions ponctuelles, l'audience autorise l'instauration d'une coopération fragile et asymétrique entre acteurs a priori antagonistes. Elle stabilise ainsi des attentes relationnelles qui contribuent à redéfinir la nature de la contrainte institutionnelle et des répertoires d'action des acteurs de la détention. Par l'investissement relationnel du pouvoir discrétionnaire à l'audience, le pouvoir carcéral s'hybride, articulant dépendance personnelle et normes bureaucratiques, obligations morales et formalisme légal. L'étude des audiences pénitentiaires invite ainsi à penser la place et les modalités d'un réinvestissement institutionnel du travail relationnel par les agents intermédiaires, souvent réduits à leur rôle dans la traduction entre la conception et l'application de réformes institutionnelles. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The sociology of prisons has long documented the central role of informal and interpersonal negotiations between prisoners and prison officers within a highly bureaucratised custodial institution. This paper seeks to contribute to our understanding of the role of communication behind bars, as it focuses on the exchanges between prisoners and a professional group — prison middle management — that has received little scholarly attention. Unlike frontline guards, middle-ranking officers hold significant discretionary power in the day-to-day issues of prison life. In particular, this analysis underlines the relational work that takes place during prison hearings, which are formal face-to-face meetings between a prisoner and a middle-ranking prison officer. In addition to one-off transactions, hearings provide an opportunity for the construction of a fragile and asymmetrical cooperation between structurally antagonistic participants. Indeed, hearings may establish reciprocal relational expectations that help to redefine the nature of institutional restraint as well as the repertoires of action available to the actors of the prison system. Through the relational investment of discretionary power in the hearing, penal power becomes hybrid, combining personal dependence and bureaucratic norms, moral obligations and legal formalism. The study of prison hearings thus raises the question of the role of relational work and its reinvestment in formal settings within penal institutions. Often reduced to their role in the enforcement of public policies, middle-managers are instrumental in such back-office relational work. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/sdt/2599 |