Titre | La parole du créole qui ne se dit pas “créole” en créole | |
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Auteur | Jean-Yves Mondon | |
Revue | Multitudes | |
Numéro | no 22, automne 2005 Philosophie politique des multitudes (2) | |
Rubrique / Thématique | Mineure |
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Page | 167-178 | |
Résumé |
Dans cet article je m'efforce de tirer autant de conséquences que possible de ce fait : dans les îles des Mascareignes, l'usage du mot « créole » est réglé par des critères qui en restreignent l'application à des sous-ensembles du monde créole. L'usage du mot n'est pas « cognitif », il ne désigne pas nécessairement l'habitant des îles, le « natif », il est plutôt destiné à marquer ce dont il importe de se distinguer dans la langue créole elle-même, en prenant éventuellement appui sur des arrière-langues, des usages, des croyances et des attitudes, hérités d'ailleurs. Ce qui apparaît alors comme un caractère important de la vie créole c'est la distance entre des formes d'expérience coexistantes mais qui se veulent aussi étanches que possible, distance au repérage de laquelle les sensibilités sont dressées et qui donne au métissage (ou à certaines formes de métissage) la valeur d'une soustraction aux normes héritées des temps coloniaux. Distance et métissage sont les termes dans lesquels j'ai voulu décrire le monde créole des Mascareignes. Mais j'ai voulu le décrire « à distance » en me rappelant l'esprit dans lequel Derek Walcott a décrit les fragments d'épopée des Antilles. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In this article, I attempt to draw as many possible consequences from this fact : in the Mascareignes islands, the use of the word « Creole » is regulated by criteria that limit its application to subgroups of the Creole world. The use of this word is not « cognitive », it does not refer to the inhabitant of the islands, the « native » : it marks that from which one must separate oneself within the Creole language itself, possibly through the evocation of back-languages, of customs, beliefs and attitudes inherited from somewhere else. A crucial defining feature of Creole life thus appears to consist in a distance between forms of experience that coexist but that strive to be as separated and watertight as possible. Sensitivities are deeply trained in measuring this distance, which leads (certain forms of) hybridization to be conceived as subtractions to the norms inherited from colonial times. Distance and hybridization are the main terms through which I have attempted to describe the Creole world in the Mascareignes ; but I tried to do so « from a distance », in the spirit with which Derek Walcott described fragments of epics in the Caribbean. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MULT_022_0167 |