Titre | Une tempête sous un CRA : Violences et protestations dans les centres de rétention administrative français en 2008 | |
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Auteur | Marc Bernardot | |
Revue | Multitudes | |
Numéro | no 35, hiver 2008/2009 Amérique latine | |
Rubrique / Thématique | Politique expérimentale |
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Page | 215-224 | |
Résumé |
Les révoltes des détenus des centres de rétention administrative français, restées confidentielles ces dernières années, ont été médiatisées à l'occasion de l'incendie du centre de Vincennes en juin 2008. Elles témoignent à la fois des conséquences de la répression croissante contre les étrangers illégalisés et des faibles moyens de défense des détenus et de leurs soutiens extérieurs. En effet les étrangers sont victimes d'une violence institutionnelle exacerbée dans les techniques d'arrestation, de gestion des centres, de reconduite et d'expulsion. Cette brutalisation, revendiquée par les pouvoirs publics, contamine les rapports à l'étranger, dans le monde du travail notamment, et se traduit par une pression sur les agents publics pour la détection et la dénonciation des « sans-papiers ». Face à cette répression les détenus, qui contestent la légitimité de ce traitement, n'ont d'autre choix que la mutilation, le suicide ou bien, lorsqu'ils parviennent à s'unir, la grève de la faim collective pour s'opposer à leur déportation. Leurs soutiens associatifs et militants sont de plus en plus criminalisés. Ils apparaissent néanmoins comme une avant-garde de la défense des libertés individuelles et publiques contre les avancées de la culture de dérégulation et de contrôle. Car la lutte policière contre les clandestins n'est qu'un cheval de Troie dans une guerre contre les minorités du Sud et la société civile dans son ensemble. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The riots by detainees in French administrative detention centers, which have over the past years remained classi fied, attracted media attention on the occasion of the fire at the Vincennes center in June, 2008. They bear witness at once to both the consequences of the growing repression against illegalized foreigners and the weak means of defense and exterior support available to detainees. In effect, these foreigners are the victims of an institutional violence exacerbated by techniques of arrest, the management of centers, and finally expulsion. This brutalization, defended by public authorities, contaminates relations to the foreigner, particularly in the world of labor, and translates into a pressure on public agents for the detection and denunciation of the « undocumented ». In the face of this repression, the detainees, who contest the legitimacy of such treatment, have no other choice but self-mutilization, suicide or, when they achieve unity, collective hunger strikes in order to oppose their deportation. Their associative and defensive supports are increasingly criminalized. Yet they still represent an avant-garde in the defence of individual and public freedoms against the encroachments made by the culture of control and deregulation. The police battle against illegal aliens is nothing but a Trojan Horse in a war against the minorities of the South and civil society as a whole. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=MULT_035_0215 |