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Titre Servir le futur. Écueils et perspectives pour la géographie de demain définis à partir de l'histoire du Groupe Dupont
Auteur Philippe Martin
Mir@bel Revue Bulletin de l'Association de Géographes Français
Numéro no 2018/3 Collectivement géographe : le Groupe Dupont
Page 400-426
Résumé Le Groupe Dupont a été créé en 1971. C'est un moment de basculement démographique, anthropologique, culturel, technique… des sociétés occidentales. Le GD est une illustration de cette révolution culturelle, mais en est un acteur majeur en géographie. Son histoire est ici envisagée à partir du désir mimétique théorisé par R. Girard et de la volonté de puissance analysée par F. Nietzsche. Le GD a eu comme modèle implicite la géographie physique et en particulier les théories (ou modèles) développées en climatologie et géomorphologie (cycle d'érosion…). Il a affronté ce modèle girardien dans une crise mimétique dont il est sorti vainqueur. Sa promesse de développer une géographie théorique (et non plus seulement une géographie physique théorique) n'a toutefois pas été tenue. C'est pourquoi, pour servir l'avenir, nous reprenons ce projet et proposons une méta théorie pour la géographie basée sur la thermodynamique des phénomènes irréversibles et quatre rapports (de position, scalaire, énergétique, et esthétique), tout en articulant une approche physique et structurale. La volonté de puissance du GD a conjugué deux dynamiques : d'une part le marxisme finissant et d'autre part des solutions théoriques occidentales d'essence plutôt libérales. Cette association a débouché sur une domination brève de l'analyse spatiale en géographie basée sur une conception systémique en grande partie grâce au développement de l'informatique et donc des SIG. Ces approches anthropologiques et philosophiques peuvent être articulées en remarquant que la crise mimétique ne peut exister sans complexification et flux d'énergie traversant l'entité concernée. Dès lors le problème essentiel est une question de modalité de dissipation d'énergie, laquelle génère des organisations (physique et sociales) et en particulier des morphologies qui accroissent le taux de dissipation (3e loi de la thermodynamique). Le très grand risque pour nos sociétés, et en particulier pour nos villes, est donc de voir ce flux se tarir ou au moins fortement diminuer. Une production nationale d'énergie est donc très souhaitable. C'est la voie choisie par les USA. De ce point de vue le projet de la géographie devrait être d'étudier l'espace géographique conçu comme une structure dissipative mise en forme par des flux d'énergie. Cela ne peut se faire qu'en re-naturalisant la discipline, en développant une géographie théorique basée sur un formalisme physique.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Groupe Dupont was created in 1971. It is a moment of demographic, anthropological, cultural, technical shift ... of western societies. The GD is an illustration of this cultural revolution, but is a major player in geography. His story is here considered from the mimetic desire theorized by R. Girard and the will power analyzed by F. Nietzsche. The GD had as an implicit model the physical geography and in particular the theories (or models) developed in climatology and geomorphology (erosion cycle ...). He faced this girardian model in a mimetic crisis from which he emerged victorious. His promise to develop a theoretical geography (and not just a theoretical physical geography) has not been fulfilled. That is why, to serve the future, we resume this project and propose a meta-theory for geography based on the thermodynamics of irreversible phenomena and four relationships (of position, scalar, energetic, and aesthetic), while articulating an approach physical and structural.The will to power of the GD has combined two dynamics: on the one hand, Marxism and on the other hand, Western theoretical solutions of rather liberal essence. This association led to a brief dominance of spatial analysis in geography based on a systemic conception, largely thanks to the development of computer science and therefore of GIS. These anthropological and philosophical approaches can be articulated by noting that the mimetic crisis cannot exist without complexification and flow of energy through the entity concerned. Therefore, the main problem is a question of energy dissipation modality, which generates organizations (physical and social) and in particular morphologies that increase the rate of dissipation (3rd law of thermodynamics). The very great risk for our societies, and in particular for our cities, is therefore to see the flow dry up or decrease sharply. National energy production is therefore very desirable. This is the path chosen by the USA.From this point of view, the project of geography should be to study the geographical space conceived as a dissipative structure shaped by energy flows. This can only be done by re-naturalizing the discipline, developing a theoretical geography based on physical formalization.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/bagf/3766