Titre | Ce nuage que je ne saurais voir. Promouvoir, contester et réguler les data centers à Plaine Commune | |
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Auteur | Clément Marquet | |
Revue | Tracés | |
Numéro | no 35, 2018/2 Infrastructures, techniques et politiques | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 75-98 | |
Résumé |
Tandis que les données informatiques deviennent un enjeu commercial et politique majeur, une infrastructure occupe une place croissante sur les territoires : les centres de stockage de données ou data centers. Les façades aveugles des entrepôts massifs dans lesquels s'installent leurs opérateurs nous projettent bien loin des nuages qu'évoquent le cloud ou des discours sur la dématérialisation permise par le numérique. Le nord de Paris connaît l'essor entre 1990 et 2015 de la plus importante concentration de centre de données en Europe, générant des interrogations croissantes et des controverses entre riverains, élus, agents territoriaux et employés en charge de la gestion des réseaux électriques. L'article propose d'éclairer ces tensions en montrant la pluralité des manières de rendre visibles les data centers, c'est-à-dire, en analysant les dimensions matérielles, économiques, juridiques et écologiques qui sont saisies par les acteurs du territoire pour promouvoir l'implantation de ces infrastructures, ou au contraire pour les contester. Ce faisant, l'article qualifie différentes modalités de l'invisibilité qui facilitent l'implantation des centres de données : il rend compte des conditions politiques et sociales de leur implantation. Il identifie également deux démarches initiées par les acteurs pour qualifier ce que font les infrastructures numériques au territoire. D'abord, les centres de données se développent initialement comme des projets immobiliers ordinaires, puis sont légitimés a posteriori par les acteurs qui les soutiennent afin de les rendre acceptables à moindres frais. Or ces infrastructures sont aussi ciblées par une critique écologique du numérique, portée par des contestations qui en dénoncent l'empreinte environnementale et qui s'appuient sur les centres de données pour en matérialiser les conséquences. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The proliferation of digital data goes with the growth of data centers, a territorial infrastructure occupying vast surfaces in the suburbs of large metropolis. These massive warehouses with blind frontage are quite far from the immateriality and the intangibility suggested by the cloud. From 1990 to 2015, in the north of Paris, the concentration of data centers was the highest in Europe. Their presence triggered investigations and controversies amongst dwellers, elected representatives, territorial agents and the electricity network operators. This article explores the various ways in which data centers facilities were denounced to be invisible and thus became issues for local actors. It analyses how these actors engaged in clarifying the material, economic, legal and ecological entanglements that compose such infrastructures. Two dimensions of data centers' territoriality are stressed on. First, the paper suggests that they become objects of political concerns and part of a territorial agenda only after having mushroomed on the territory, and that elected representatives were reluctant to develop constraining instruments to regulate the installations. Second, the paper highlights the emergence of a local ecological protest movement who grasped data centers facilities to illustrate and materialize digital technologies' environmental footprint. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/traces/8235 |