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Titre La faiblesse des partis agraires en France : le cas du « parti de l'agriculture » sous le Second Empire
Auteur Chloé Gaboriaux
Mir@bel Revue Politix
Numéro vol. 31, no 123, 2018 Paradoxes de la modernité
Rubrique / Thématique
Varia
Page 145-169
Résumé Peu connus des chercheurs, les débats soulevés à la fin des années 1860 par les vains efforts d'un publiciste pour lancer un « parti de l'agriculture » sont pourtant riches d'enseignements. À un moment où les partis engagent un effort de structuration qui débouche, à la fin du XIXe siècle, sur la constitution de partis au sens moderne du terme, l'échec du « parti de l'agriculture » permet de mieux comprendre le paradoxe que constitue l'absence d'un parti agrarien ou paysan dans une France où les ruraux ont longtemps représenté une écrasante majorité électorale. La méfiance à l'égard des partis, souvent invoquée, ne suffit pas en effet à rendre compte de l'échec du parti de l'agriculture sous le Second Empire. Elle constitue surtout un argument efficace pour ses adversaires, dans un conflit que les électeurs ruraux finissent par trancher aux dépens de leurs porte-parole autoproclamés : réticente à confondre ses intérêts avec ceux des élites agricoles, la paysannerie s'est aussi montrée sensible aux discours de leurs adversaires, qui n'ont pas hésité à les dénoncer comme d'anciens notables soucieux de rétablir les relations féodales. Dans une France où les rapports de force sont puissamment déterminés par l'imaginaire social et politique légué par la Révolution, le « parti de l'agriculture » avait peu de chances de réussite, non pas en dépit mais en raison même de la prépondérance électorale des ruraux.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The weakness of agrarian parties in France: The case of the “party of agriculture” under the Second EmpireLittle known to researchers, the debates raised in the late 1860s by the vain efforts of a publicist to launch a “party of agriculture” nevertheless provide many lessons. Whereas parties were being structured in a way that led them, at the end of the nineteenth century, to become parties in the modern sense of the word, this case enables us to better understand the paradox of the absence of a true agricultural or peasant party in France—a country where rural people have long constituted an overwhelming electoral majority. Distrust for parties, often invoked, is not sufficient to account for the failure of the “party of agriculture” under the Second Empire. It is, above all, an effective argument for its opponents, in a conflict that rural voters finally resolved against their self-proclaimed spokespersons. Reluctant to mistake their interests for those of the agricultural elites, the peasantry was also attracted by the arguments of their adversaries, who did not hesitate to denounce them as former notables eager to re-establish feudal relations. In a France where power relations are forcefully determined by the social and political imagination left behind by the Revolution, the “party of agriculture” was doomed to failure, not in spite of, but because of the electoral predominance of rural people.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_123_0145