Titre | Le ministère de la crise ou l'art de gouverner en Iran | |
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Auteur | Maziyar Ghiabi, Maziyar Ghiabi | |
Revue | Critique internationale | |
Numéro | no 82, janvier-mars 2019 | |
Rubrique / Thématique | Varia |
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Page | 9-29 | |
Résumé |
Cette étude reprend la notion d'« état d'exception » énoncée par Giorgio Agamben et la revisite dans le cadre du système politique de la République islamique d'Iran, généralement considérée comme un État autoritaire par les observateurs occidentaux. Dans ce pays, la catégorie de crise a été pourvue d'un statut juridique par l'institution de la notion de maslahat, « intérêt », interprétée au croisement de l'exégèse théologique chiite et de l'État moderne. Dès lors, la crise n'a pas abouti à la production formelle d'un « état d'exception », selon le raisonnement d'Agamben. Depuis la fin des années 1980, une institution, le Conseil de discernement de l'intérêt de l'ordre politique, est spécifiquement dédiée à la gestion des crises identifiées par les autorités. La mobilisation de cette catégorie a permis d'éviter l'installation de points aveugles du pouvoir législatif – et donc du droit – qui auraient créé une zone d'indistinction dans la formation de l'État. Le Conseil prend en effet en charge les domaines d'ambigüité où l'application « normale » – et normative – de la loi ne peut s'exercer. Compte tenu du fait que les États prétendus illibéraux sont souvent considérés comme ne respectant pas les droits individuels et collectifs, il ne s'agit pas là d'une disposition mineure de l'État iranien. Cette étude entend ouvrir de nouvelles perspectives pour la compréhension des phénomènes politiques à travers la déconstruction et la théorisation de la politique de crise. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The Ministry of Crisis or the Art of Governing in Iran Giorgio Agamben argues that in contemporary governance the use of ‘emergency' is no longer provisional, but ‘constitutes a permanent technology of government' and has produced the extrajudicial notion of crisis. These ‘zones of indistinction' between the law and its practice are what Agamben calls the ‘state of exception'. This article adopts the notion enunciated by Agamben and revisits it in the Islamic Republic of Iran, a country regarded as authoritarian and at odds with Western polities. In Iran, crisis has been given, firstly, a juridical status through the institution of maslahat, ‘expediency', interpreted in a secular encounter between Shi‘a theological exegesis and modern statecraft. Secondly, crisis has not led to a formal production of a ‘state of exception' as Agamben argues. Instead, since the late 1980s, a sui generisinstitution, the Expediency Council, has presided over matters of crisis. Instead of leaving blind spots in the production of legislative power –in state formation and the law –, the Expediency Council takes charges of those spheres of ambiguity where the ‘normal' – and normative – means of the law would have otherwise failed to deliver. This is no minor event, if one bears in mind that so-called illiberal states such as Iran are often recorded as producing states of exceptions where individual and collective rights are abrogated. Through the deconstruction and theorization of crisis politics/policy the article provides a first study of this institution and of the notion of ‘crisis' in Iran. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CRII_082_0009 |