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Titre ‪Rupture du monopole dans la fabrication du cinéma (1958-1970)‪ : Studios institutionnels et pratiques économiques alternatives
Auteur Irina Tcherneva
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 59, no 2-3, juillet-septembre 2018 Hors plan : L'économie informelle en URSS
Page 311-340
Résumé La récente historiographie du cinéma soviétique met en lumière les marges de manœuvre dont les cinéastes disposaient au sein d'une industrie unifiée et hiérarchisée. Ceci permet d'étudier, pour la première fois, la rupture du monopole du trust cinématographique d'État établi dans les années 1930. Dès la fin des années 1950, les studios non professionnels créés auprès des établissements, des instituts de recherche et des usines produisent des films. Ce mouvement d'ampleur s'observe partout en URSS. Ces studios se situent en dehors du périmètre de l'industrie filmique et recourent à des pratiques économiques non encadrées par les instances centrales, ce qui incite celles-ci à procéder à des contrôles tout au long des années 1960. Les studios, au départ qualifiés d'amateurs, pratiquent des prix compétitifs et semblent particulièrement habiles dans la relation de l'offre et de la demande sur le terrain du cinéma commandé par les entreprises et les ministères soviétiques. Ils se retrouvent au cœur de réseaux de coopération qui réunissent autorités locales, cinéastes professionnels, fabriques d'équipement et de pellicule et deviennent de véritables concurrents de la filière classique. Le présent article montre comment les administrations d'État — Comité du cinéma, Conseil des ministres, Comité de contrôle du Parti et de l'État, Comité d'État pour la coordination des travaux de recherche — y décèlent des activités économiques rentables auxquelles elles aspirèrent à fixer des limites. Cette étude s'appuie sur l'analyse des fonds du Comité du cinéma et du Conseil des ministres de Lettonie, et de la documentation du fonds du Comité de contrôle du Parti et de l'État, qui contient des entretiens semi-directifs avec des cinéastes et des données, encore jamais explorées, sur la perception qu'avaient les instances centrales de ces pratiques non avalisées.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais ‪Recent historiography on Soviet film has shed light on the leeway available to filmmakers within a unified and hierarchical industry. This allows for a first-time study of the break-up of the state trust's monopoly established over film in the 1930s. In the late 1950s, non-professional studios set up in institutions, research institutes and factories started to make films. The movement spread countrywide in the Soviet Union. Operating outside the perimeters of film industry, these studios used economic practices out of central authorities' control, inciting the latter to carry out controls throughout the 1960s. Dubbed at first amateur filmmakers, the studios offered competitive prices and seemed particularly savvy in handling supply and demand when dealing with orders by Soviet enterprises and ministries. They were at the center of cooperation networks bringing together local authorities, professional filmmakers, movie equipment and film manufacturers, and started competing with mainstream cinema. The present article shows how state administrations – the State Film Committee, the Council of Ministers, the Party and State Control Committee, the State Committee for the Coordination of Scientific Research – sought to check what they perceived to be profit-making economic activities. This study is based on analysis of archive collections of the Film Committee and Council of Ministers of Latvia, of documentation from the collection of the Party and State Control Committee, which contains semi-structured interviews with filmmakers and heretofore unexplored data on how central authorities perceived those non-sponsored practices.‪
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_592_0311