Titre | Les procès de Jomo Kenyatta. Destruction et construction d'un nationaliste africain | |
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Auteur | John Lonsdale | |
Revue | Politix | |
Numéro | vol 17, no 66, août 2004 L'Etat colonial | |
Rubrique / Thématique | L'Etat colonial |
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Page | 163 | |
Résumé |
Les procès de Jomo Kenyatta. Destruction et construction d'un nationaliste africain John Lonsdale Au moyen d'un examen attentif des pièces d'archives concernant les procédures juridiques qui furent mises en œuvre lors du procès de Jomo Kenyatta en 1952-1953 lorsque ce dernier fut accusé d'avoir « dirigé » la rébellion Mau-Mau au Kenya, cet article s'interroge sur la relation entre l'Etat de droit impérial et le projet hégémonique spécifique de la domination britannique dans une colonie africaine. En 1907, le sous-secrétaire d'Etat aux colonies Winston Churchill se rangeait aux côtés des théoriciens du droit pour affirmer que le pouvoir d'Etat ne devenait légitime aux yeux de ses sujets qu'à condition que les décisions de ses serviteurs puissent elles-mêmes être amendées ou annulées par un procès public. Bien que cette affirmation soit sans aucun doute valable pour les systèmes juridiques des démocraties industrielles, cet article montre qu'il n'en allait pas de même au Kenya. Rares étaient les Africains qui acceptaient l'hégémonie morale de la domination coloniale. L'obéissance du régime colonial aux demandes émises par la minorité des colons blancs rendait au contraire immédiatement perceptible la nature injuste de la domination britannique. Par conséquent, lorsque le gouvernement colonial mit en accusation Jomo Kenyatta et cinq autres dirigeants africains au motif de leur responsabilité dans la vague de terreur créée par les Mau-Mau (et ce dans l'espoir que leur condamnation, prononcée au terme d'un procès en bonne et due forme, établirait leur nature proprement criminelle et non nationaliste), il dut se rendre à l'évidence : très peu de gens étaient convaincus de l'impartialité de ses procédures juridiques. De fait, le caractère multi-racial de la profession d'avocat et la nature impériale du précédent juridique contribuèrent à rendre anachronique la domination raciale qui s'exerçait au Kenya, et offrirent par contraste une voix légitime au nationalisme de Kenyatta. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Jomo's Trials. The Breaking and Making of an African Nationalist John Lonsdale By means of a detailed examination of the legal processes under which Jomo Kenyatta was tried, in 1952-1953, for his supposed "management" of the Mau Mau rebellion in Kenya, this article questions the relationship between the empire-wide rule of law and the hegemonic project of British rule in one African colony. In 1907, the under-secretary of state for the colonies, Winston Churchill, agreed with legal theorists that state power was made legitimate in the eyes of its subjects if the decisions of the State's servants were made subject to correction by the State's own courts of law. While this assessment may be true of the legal system in industrial democracies, this article shows that it was not true of Kenya. Very few Africans accepted the moral hegemony of colonial rule. The colonial regime's obedience to the demands of the white settler minority, to the contrary, made British rule palpably unjust. When therefore the colonial government charged Kenyatta and five associates with responsibility for terror (in the hope that his conviction, arrived at by due legal process, would show that he was a criminal rather than a nationalist), it found that few were convinced of the impartiality of its judicial procedures. Indeed, the multi-racial imperial legal profession, and the empire-wide nature of legal precedent, helped to make racial domination within Kenya seem anachronistic and, by contrast, gave a legitimate voice to Kenyatta's nationalism. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_066_0163 |