Titre | Princes et bouffons : aspects du grotesque dans le théâtre de Shakespeare | |
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Auteur | Line Cottegnies | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 10, 2000 Le Rire au corps | |
Rubrique / Thématique | Figures du grotesque |
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Page | 55-68 | |
Résumé |
Chez Shakespeare comme chez Rabelais, les formes du grotesque sont variées et présentent une dualité essentielle : les bouffons et les personnages de farce semblent d'abord incarner ce « réalisme grotesque » que Mikhaïl Bakhtine définissait comme un principe subversif populaire de jouissance obéissant à un rire profanateur et libérateur ; cependant, le grotesque peut aussi adopter des aspects plus tragiques lorsque le principe de dérision ou de déformation prend une résonance inquiétante, comme avec l'humour grinçant d'un Hamlet méditant sur le crâne du bouffon Yorick. En rendant impossible toute interprétation univoque et rationnelle, le grotesque hamlétien fonctionne dans la pièce comme un principe d'opacification et d'indétermination. Comique ou tragique, le grotesque est lié dans l'œuvre de Shakespeare à la dialectisation de l'instabilité des signifiants et des valeurs établies. Il s'avère principe de dérision temporaire et anti-dogmatique qui, radicalisant l'excessif ou l'anormal, met en évidence la proximité de l'homme et de la bête et la nécessité d'une reprise en main rationnelle et morale. Shakespeare semble bien mettre en œuvre une heuristique de la dérision qui donne au grotesque une fonction didactique aussi bien qu'esthétique. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
In Shakespeare as in Rabelais, forms of grotesque vary and present an essential duality: jokers and farce characters seem at first to incarnate this “grotesque realism” that Bakhtine defined as a subversive and popular principle of enjoyment obeying a profanatory and liberating laughter; however, grotesque can also reveal more tragic aspects when the principle of derision and deformation takes a disquieting turn, like in the caustic humour of Hamlet meditating over the skull of Yorick the joker. By forbidding any univocal and rational interpretation, Hamletian grotesque functions in the play as a principle of opacification and indertermination. Comic or tragic, grotesque is linked in Shakespeare's works, to the unstability of significants and established values. It proves a principle of temporary derision and anti-dogmatic which, by making the excessiveness and abnormality radical, displays the proximity between man and beast as well as the necessity of a rational and moral turn. Shakespeare seems indeed to initialize a heuristic of derision that gives grotesque both a didactic and aesthetic role. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_010_0055 |