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Titre Écrire l'inceste en « contre-fiction » et en paradoxes : The Bluest Eye de Toni Morrison
Auteur Tina Harpin
Mir@bel Revue Sociétés & Représentations
Numéro no 42, 2016 Dire l'inceste
Rubrique / Thématique
Dire l'inceste
Page 97-110
Résumé Premier roman du Prix Nobel de Littérature Toni Morrison, The Bluest Eye (L'œil le plus bleu) est paru en 1970 aux États-Unis, soit quelques années après la fin de la ségrégation raciale et l'obtention progressive des droits civiques par les Africains américains. Il relate l'histoire de Pecola Breedlove, une fillette noire vulnérable, qui, victime des viols incestueux de son père, sombre dans la folie et croit qu'elle a les yeux bleus dont elle rêvait. Si le titre de ce récit ne réfère pas au drame de l'inceste mais à celui de l'aliénation, c'est que l'inceste, central dans l'œuvre, y apparaît paradoxalement comme voilé. L'écrivaine n'a commenté ce thème ni dans ses entretiens ni dans les paratextes ajoutés aux éditions de 1993 et de 1998. Pourtant, le premier viol subi par Pecola est narré en détail et ce, selon le point de vue du père agresseur. Cet article examine les paradoxes de l'écriture de ce roman et explique son importance historique en termes d'histoire littéraire et d'histoire des représentations. La variation des points de vue et l'inscription d'un double silence – celui du personnage de Pecola et celui de l'auteur sur l'inceste – contribuent à réécrire le thème tabou de l'inceste à travers une « contre-fiction » qui constitue un effort sans précédent pour dévoiler à la fois le drame de l'inceste et celui du racisme.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Writing incest through “counter-fiction” and paradoxes: The Bluest Eye by Toni Morrison
Literature Nobel Prize awarded Toni Morrison published her first novel, The Bluest Eye, in 1970; that is to say only a few years after the end of racial segregation and the progressive acquisition of civil rights by African-Americans. It recounts Pecola Breedlove's story: how a young and vulnerable black girl, raped by her incestuous father, sunk into madness and believed that she had finally had the blue eyes she so long dreamt of. If the novel's title doesn't refer to tragic incest but to alienation, it is because incest, at the core of the text, is nonetheless paradoxically veiled. The writer has not commented on this theme in her interviews nor in the paratexts added in the 1993 and 1998 editions. Yet, the first rape suffered by Pecola is narrated in detail from the perpetrator's point of view. This article examines the paradoxes of this novel's writing and explains its historical significance in terms of literary history and the history of representations. The variation of the points of view and the assignment of a binary silence – that of Pecola's character and that of the author regarding incest – contribute to rewriting the incest taboo through a “counter-fiction” which is an unprecedented effort to unveil both the drama of incest and of racism.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_042_0097